Auberge de jeunesse

1962 Auberges de ma jeunesse

Auberge de Choucan en Paimpont
Auberge de Choucan en Paimpont

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"Le périple que j’entreprends – une boucle de trois semaines qui me mène des Côtes du Nord (transfigurées depuis lors en Côtes d'Armor) au Finistère puis dans le Morbihan – est compatible avec les performances du Vélosolex, lequel ne dépasse guère les trente kilomètres à l’heure sur le plat, ce qui constitue la configuration la plus courante en Bretagne puisque, longeant généralement la côte, je me tiens à distance des monts d’Arrhée.

A cette allure, il ne me faut qu’une petite demi-journée pour cheminer d’une auberge à l’autre. Il y a de tout en matière d’auberges en 1962, de la ferme champêtre perdue en pleine forêt de Paimpont - dont je récupère la clef non loin de là et où je passe seul la nuit - jusqu'aux immenses et bruyants dortoirs, tel celui de Rennes."

Auberge de Concarneau
Auberge de Concarneau

"Certaines installations, comme celle de Concarneau récemment ouverte près du port dans l'ancien abri du marin et qui surplombe la mer, sont dotées d’un encadrement permanent, le père aubergiste («le père aub’») où la mère aubergiste («la mère aub'»), parfois les deux quand ils sont mariés. Ils assurent l'accueil des voyageurs et la gestion de l'auberge. Ils participent plus ou moins à l'animation.

A l’étape, il demeure souvent quelque chose du mouvement ajiste initial: l’auberge n’est pas seulement une pension à bon marché. On y débat beaucoup, on y chante, on y joue de la guitare. Dans certaines, les jeunes locaux viennent à la rencontre des voyageurs. Il en est qui reprochent aux automobilistes – pas encore majoritaires mais en nombre croissant – de ne plus être dans l’esprit de découverte et de rencontre du mouvement, d'utiliser l'auberge uniquement comme un hôtel bon marché."

"De cette expédition, quels souvenirs me reviennent aujourd’hui au-delà du mode de locomotion et des lieux d’accueil?

Sans que je le recherche délibérément, ce sont des images d’une Bretagne que l’on ne retrouve plus: des Bretonnes portant des coiffes incroyablement hautes jusque dans les gros bourgs. Elles ont toutes la soixantaine où plus, ce qui explique la disparition totale de leurs couvre-chefs dans les décennies qui suivront.

A Concarneau, l'auberge est tout près du port et l'on peut observer la noria des petits bateaux de pêche qui regagnent leur havre avec la cargaison qu'ils négocieront à la criée.

A Douarnenez, j'assiste à un spectacle de musique et de danse régionales en plein air. Cela demeure très fidèle à la tradition. La «nouvelle vague» des chanteurs bretons n'a pas encore déferlé (Alan Stivell n'a que dix-huit ans).

Les ajistes s'y rendent en groupe non sans afficher un certain «esprit de corps». Une enquête conduite en 1962 auprès des adhérents du mouvement montre que le sentiment d'appartenance à un groupe, très puissant à l'origine, constituait encore une motivation importante des adhérents."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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