Bobard

2001 Vague subversive

"   La rumeur d'Orléans avait été propagée par le bouche à oreille sans que l'on puisse jamais déterminer de qui elle émanait.

La rumeur qui s'empare de la Somme fin mars 2001 a une origine connue à défaut d'être étayée par des faits démontrables.

Habitants de la Somme dans l'eau

Elle est portée par des victimes d'inondations exceptionnelles convaincus que leur malheur provient d'un choix délibéré du gouvernement, soucieux de préserver Paris à leur détriment en détournant les eaux de la Seine. Pourtant les inondations plus ou moins importantes de la Somme ne constituent pas un phénomène nouveau : on en recense depuis toujours, la dernière sortant de l'ordinaire remontant à 1945.

La situation à Abbeville, FR3 19 20,11 4 2001, 2 minutes

 

Inondations : explications et rumeurs, FR3 Nord, Pas de Calais, Picardie, 16 5 2001,6 minutes

 

Chronique des inondations, FR3 Edition spéciale Nord Pas de Calais Picardie,16 5 2001 14min 10s

On pourrait certes rechercher d'autres causes d'aggravation comme celles identifiées neuf ans plus tôt à Vaison la Romaine, notamment l'autorisation de constructions dans le lit majeur du cours d'eau à partir des années soixante. Certains édiles locaux de l'opposition politique préfèrent encourager la diffusion de la rumeur, peut-être pour se dédouaner de leurs propres responsabilités.

 

Le fait que des experts indépendants, des géologues, des hydrologues, démentent formellement ce bobard, assurant qu'il est physiquement impossible de réaliser un tel détournement, n'ébranle pas les convictions saugrenues de victimes à bout de nerfs.

Quand le premier ministre, Lionel Jospin, se rend sur place et qu'il tente de ramener les manifestants à la raison («il n'y a pas de robinet»), il n'obtient en retour qu'invectives et cris de désespoir.

Lionel Jospin sur le front des inondations, JT Picardie soir, 9 4 2001, 1 minute 40

 

 

En 2019, on peut observer une permanence de la tendance à mettre en cause la crédibilité et la sincérité des média et des politiques au pouvoir.

 

On en attribue fréquemment la cause à la place prise par internet. Pourtant, en 2001, la pratique d'internet était encore limitée notamment par la diffusion d'ordinateurs personnels onéreux, par la quasi-absence de smartphones et par le caractère confidentiel des premiers réseaux sociaux.

 

Ces changements à venir amplifieront certes la prolifération et la diffusion de bobards mais l'on voit bien que l'essentiel est ailleurs: dans la prédisposition de certains à faire porter la responsabilité de leur sort à d'autres opportunément désignés comme boucs émissaires et dans la manipulation de ces masses crédules par des tribuns cherchant à tirer profit de cette naïveté.   "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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