Camping

2011 Immobiles homes

"J’ai consacré à la floraison des euphémismes une chronique entière de cet abécédaire. Le terme de « mobil home » est au-delà de l’euphémisme, lequel se borne à présenter les choses fait sous un jour supposé flatteur.

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Mobil home aurait pu être un équivalent générique pour caravane et pour camping-car : un habitat que l’on peut déplacer grâce au moteur d’un véhicule tracteur.

 

Mobil home perché sur un convoi exceptionnel

L’affectation donnée à mobil-home est toute autre puisqu’il s’agit d’une habitation légère (« de loisirs » ajoute la norme AFNOR de 1999 qui l’encadre) qui est conçue pour précisément ne pas être déplacée.

Les roues dont elle est dotée servent tout au plus à la faire monter sur / descendre du convoi exceptionnel qui la conduit de l’usine au camping ou elle prendra place pour des années si ce n’est définitivement.

Et encore, il arrive qu’une grue dispense ses pneumatiques de ces quelques mètres de parcours …

Ses occupants s’empresseront d’ailleurs de masquer ces roues sous une jupe pudique atteignant le sol tandis que le timon sera dissimulé sous un voile protecteur.

On l’aura compris : roues et timon ne sont là que pour prétendre que si l’on voulait quitter les lieux on le pourrait. On peut échapper ainsi à une classification d’immeuble qui imposerait des contraintes et des taxes toutes autres.

 

Baraquements de la reconstruction en Normandie

Dans le Calvados que j’ai connu dans les années cinquante, à la périphérie des villes et des villages ravagés par les bombardements, des habitations provisoires avaient été construites à la hâte. De proportions équivalentes à celles des mobil homes mais d’une dimension un peu plus grande, on les appelait des baraquements, ce qui n’était guère valorisant. Il est vrai que ces habitations légères n’étaient pas étiquetées « de loisirs » et qu’elles n’étaient dotées ni de timon ni de roues.

Les terrains de camping, hier vierges en basse saison, se parent désormais d’alignements de bicoques assez semblables à ceux dont je garde le souvenir à Hérouville-Saint-Clair dans la banlieue de Caen.

Alignements de mobil homes

On compte 270 000 mobil homes en 2011, ce qui représente 28% des emplacements et cette proportion n’a cessé de s’accroître depuis les années 96-97, certains terrains ayant même délaissé les emplacements pour les « vrais campeurs »."

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"Avec la paupérisation d’une partie de la population et le renchérissement des loyers, des mobil homes et certaines caravanes vieillissantes sont utilisés comme résidences principales.

Le spectre des terrains de campings résidentiels s’est donc élargi :

• Certains peu ou pas « étoilés » (le classement n’étant plus obligatoire) offrent un hébergement un cran au-dessus du bidonville grâce à des installations sanitaires de base ;

• Les plus huppés proposent une villégiature un cran au-dessous de la location de villa avec services et équipements distractifs collectifs et personnel affecté aux « animations »."

"La « montée en gamme » est à l’ordre du jour : les campings trois et quatre étoiles qui représentaient 31% de l’offre en 1950 ont atteint 55% en 2010 alors même que les exigences de ce classement se sont accrues. Depuis le 6 juillet 2010, une catégorie 5 étoiles a même été créée (à la clé : wifi de partout, « massages détente », spa, animateur dédié à la salle de remise en forme …).

Les prix des nuitées ont grimpé en conséquence. Ainsi, le campeur traditionnel (disposant d’un équipement itinérant et l’utilisant comme tel) peut devoir acquitter des factures équivalentes à celles d’un hôtel lorsque l’offre de terrains à l’étape est limitée (l’absence de réglementation des tarifs peut tout permettre).

Comme l’écrit François Perroy dans le « Que sais-je ? » qu’il a consacré au camping : « avec l’augmentation régulière de leurs tarifs, les hôtels de plein air se sont écartés de la vocation sociale qui, par l’histoire, leur avait été assignée dans le passé »."

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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