Conquête spatiale

1986 Challenger, conduite à risque

"De la préparation de cette mission Challenger, on avait surtout retenu la présence d’une femme de la « société civile » (comme l’on dit des personnes exerçant des responsabilités politiques sans y avoir été nécessairement préparées mais choisies pour leur notoriété, fondée où non).

 

Une sélection méthodique avait conduit à retenir une jeune femme sympathique et enjouée. La médiatisation donnée à ces préparatifs avait porté sa notoriété jusqu’outre- Atlantique. Professeur, Christa Mac Auliffe allait faire partager son expérience en direct à ses élèves et, au-delà, à tous les enfants du monde.

 

On apprit – après la catastrophe – que le choix de cette mère de famille chaleureuse, de surcroit professeur, n’avait rien eu de fortuit : il s’agissait moins d’étudier les réactions d’une personne non issue du sérail que de réaliser une opération de communication susceptible de requinquer l’intérêt des américains et par conséquent de justifier les besoins de financement du programme, besoins de plus en plus controversés par le pouvoir politique.

Explosion de Challenger
 

Des images de la catastrophe, vues et revues dans les jours qui suivirent (comme le seraient plus tard celles du 11 septembre), je conserve en mémoire trois séquences :

  • Les sept astronautes se dirigeant d’un pas assuré vers la fusée en distribuant sourires et petits signes de la main,
  •  Une minute 30 après l’envol, le salingue feu d’artifice visible du sol, ce matin froid et clair,
  • Quelques secondes après, l’incrédulité des spectateurs assemblés (on en voit même un applaudir au second plan) puis un désarroi profond sur les visages des parents de l’enseignante.

 

Les heures qui suivirent furent celles de la dénégation de la part des autorités : non, aucun risque inconsidéré n’avait été pris ; la Nation était reconnaissante à ces héros qui avaient payé leur tribut aux progrès de la science.

 

La commission d’enquête présidentielle conduite par Richard Feynman, prix Nobel de physique, révéla une toute autre réalité, mettant en lumière que la défaillance des joints du propulseur d’appoint à l’origine de la catastrophe avait auparavant été identifiée comme une source de risque (majeur pour certains spécialistes).

La veille, une téléconférence avait rassemblé 34 personnes à l’initiative de Roger Boisjoly, spécialiste des joints en question. Celui-ci avait présenté des graphiques démontrant que, durant les missions antérieures, l’érosion avait été d’autant plus forte que la température ambiante était basse. Il avait même produit les photos des joints d’une des fusées d’appoint lancée l’année précédente après une nuit à –4°C : le joint primaire avait intégralement disparu, le joint secondaire étant grignoté à 99 %.

 

Durant la nuit du 27 au 28 janvier, la température était descendue jusqu’à -4°C.

 

Seulement, le lancement avait déjà été reporté quatre fois depuis le 18 janvier et le Président Reagan devait avoir une conversation en direct avec les astronautes le 28 durant son discours sur l’état de l’Union."

 

Dans l"abécédaire d'un baby-boomer", j'évoque également l'odyssée infiniment plus glorieuse d'Apollo 13 en 1969. 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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