Disquaire

1954 78 tours, 36 magasins

TSF tourne-disques La voix de son maître
TSF tourne-disques La voix de son maître

" Le disque microsillon a été inventé six ans auparavant par la firme Columbia. Sa diffusion en France reste réduite.

On en est encore au temps des disques en matière rigide, aisément cassables, dotés de gros sillons labourés à haute vitesse par des aiguilles en acier fréquemment renouvelées, faute de quoi l'écoute devient pénible.

L'appellation 78 tours leur a été attribuée pour les différencier des microsillons à vitesse de rotation réduite. La conjonction des deux caractéristiques (rotation plus lente et sillons plus fins) permet d'augmenter considérablement la durée d'écoute d'une plage, condition particulièrement favorable aux enregistrements de musique dite classique.

Ces 78 tours qui constituent encore l'essentiel de la production, seront commercialisés jusqu'à la fin des années cinquante, le temps pour les amateurs de s'équiper de platines à plusieurs vitesses dotées de bras de lecture légers avec saphirs ou diamants (en fait deux pointes différentes selon la densité des sillons).

 

A quelques immeubles de celui ou nous résidons (au 52 boulevard Saint-Marcel à Paris), le vendeur-réparateur d'appareils audiovisuels vend des disques mais le fait comme une activité secondaire.

 

Sa vitrine attire les gens du voisinage les jours de retransmissions de sports. Dans celle-ci, nulle trace de disque. Ce serait d'ailleurs bien inutile, les 78 tours se présentant dans un sobre emballage en papier craft qui ne donne à voir que la marque du fabricant. On peut certes décrypter le contenu dans l'encoche circulaire mais seulement à moins de trente centimètres de distance.

Il est cocasse de remarquer que la vitrine du vendeur de journaux-mercerie voisine présente des opuscules de paroles et musiques de ritournelles à la mode en mentionnant les références du fabricant du disque correspondant. La porte à côté pour la version audible …

Les disques sont donc dans un meuble dédié à l'intérieur du magasin. Peut-être même ne sont-ils accessibles que par le commerçant (ma mémoire a des limites).

Cette commercialisation des disques dans un magasin diffusant du matériel ne m'étonne pas quand je constate que les producteurs de disques sont aussi des fabricants de matériels: Philips, La voix de son maître, Odéon, Pathé ...

Je me suis néanmoins interrogé sur le degré de généralisation de cette formule de diffusion des disques et j'ai trouvé une réponse sur un site recensant des points de ventes parisiens jusqu'en 1960.

Au vu des documents présentés à l'appui de cet inventaire partiel (le magasin voisin n'y figure pas), on constate:

 

  • l'absence de points de ventes se présentant exclusivement comme disquaires,

  • un lien entre commerce de matériel audiovisuel et commerce de disques significatif,

  • d'autres cas moins attendus comme un vendeur d'électro-ménager, un luthier et un vendeur de pianos.

 

Des commerçants dédiés exclusivement à la diffusion de disques, il en existait pourtant au moins un (vraisemblablement plus) avant 1960: je ne saurais préciser l'année exacte mais un commerce de ce type avait été ouvert au 2 rue Poliveau à l'angle du boulevard de l’hôpital.

...

" Aucun des deux commerces que j'ai mentionnés ne figurant dans l'inventaire du site, j'ai recherché des traces (des preuves) de mes allégations. Rien ne permet hélas de confirmer la véracité de mes assertions :

  • la boutique du vendeur-réparateur a changé de destination, comme la plupart de celles des artisans et commerces de bouche remplacées par des agences immobilières, bancaires et autres négoces d'une utilité courante moins manifeste,

  • la vieille maison d'un étage tout au plus qui accueillait le disquaire de la rue Poliveau a été remplacée par un immeuble. Sur la vue aérienne de 1949 présentée par GoogleEarth, on ne la discerne pas clairement, une comparaison avec la vue prise en 2015 montre seulement la très forte urbanisation de la rue hier quasi-campagnarde (une photographie de Charles Marville datant du milieu du dix-neuvième siècle est plus proche de mon souvenir que la vue actuelle fournie par Google)."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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