Disquaire

2016 Disquaire-antiquaire

" A partir des années quatre-vingt dix, Internet a ouvert d'autres possibilités de se procurer des enregistrements (ici, de musique, mais pas seulement) à moindres frais :

  • possibilité d'écouter en temps réel («streaming») au moment ou on le souhaite suffit à satisfaire les besoins d'une clientèle et ceci s'inscrit dans une tendance générale et grandissante n'associant plus l'achat à l'utilisation (cf. par exemple, l’auto-voiturage et les sites de partage entre particuliers),
  • le piratage en ligne est plus facile: plus besoin de disposer d'un support physique à portée de main pour le copier,
  • la vente de disques en ligne (comme de beaucoup d'autres produits) se développe. Cette formule se généralisant pour toutes sortes de produits est bien plus redoutable que celle de La Guilde Internationale du Disque, disparue dans les années quatre-vingts qui reposait sur des commandes acheminées par voie postale.
  • les transactions entre particuliers se multiplient. Elles peuvent concerner des produits d'occasion comme des produits neufs (le disque reçu en cadeau que l'on a déjà ou qui ne vous plaît pas).

 

Ainsi, d'un point culminant de l'ordre de 3000 commerces, on est tombé en 2010 à environ 200 disquairies. A Toulon par exemple, il y avait 12 disquaires indépendants en 1975, il n'en reste plus qu'un dès 1996. 

Harmonia Mundi rue Jeanne d'Arc à Orléans (avant fermeture en 2013)
Harmonia Mundi rue Jeanne d'Arc à Orléans (avant fermeture en 2013)

Les chaînes de distribution ne sont plus épargnées. En 2013:

  • Virgin Megastore se déclare en faillite. La
    fermeture de son prestigieux magasin de l'avenue des Champs-Elysées qui accueillait régulièrement des vedettes internationales fait grand bruit.
  • Harmonia Mundi, chaîne plus modeste spécialisée en enregistrements classiques, se sépare de la moitié de ses magasins (15 sur 30) dont celui que nous fréquentions à Orléans.

Pour faire face à la situation, le «disquaire day» annuel importé des États-Unis est organisé à partir de 2011. Il vise à valoriser et faire connaître au grand public le rôle des disquaires.

Une modeste reprise semble s'amorcer à partir de 2013 avec le regain d'intérêt pour les disques vinyles (mouvement assez comparable à celui des nostalgiques de la photo polaroid).

 

Certains disquaires deviennent diffuseurs de disques d'occasion érigés en antiquités. Pour répondre à ce «marché de niche», une entreprise française, MPO, relance sa production de disques vinyle (une copie d'ancien en quelque sorte comme pour le mobilier de style). Des artistes du moment proposent même des versions vinyle de leurs enregistrements.

L'un des deux derniers disquaires à Orléans, rue de Bourgogne
L'un des deux derniers disquaires à Orléans, rue de Bourgogne

Pour subsister, d'autres disquaires (parfois les mêmes) diversifient leurs produits et services (habillement, réservations de places de spectacle …). On en revient ainsi à la situation des années cinquante, quand le disque était un produit parmi d'autres.

 

En 2015, le nombre de points de vente indépendants de disques serait remonté autour de 230 quand, selon le Syndicat de la Librairie Française, le nombre de libraires serait compris entre 2500 et 3000.

La probabilité est faible que le terme de disquairie, qui ne s'était pas imposé quand ces commerces étaient florissants, accède un jour à une reconnaissance dans les dictionnaires ... "

Chronique publiée en décembre 2016

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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