Industries

1960 On touche le fond

Un billet de dix francs à l'effigie d'un mineur

Le mineur, héros de l'après-guerre

 

"L’image du mineur a été valorisée par les pouvoirs publics, ceux-ci allant même jusqu’à éditer un billet de vingt francs à l’effigie d’un mineur partant à la « bataille » tout  harnaché pic sur l’épaule et à publier des affiches proclamant avec grandiloquence : « Mineur, le sort du pays est entre tes mains ». Le mineur était également idéalisé par  des cinéastes (tel Louis Daquin avec « Le point du jour » en 1948) et des écrivains (comme Louis Aragon publiant en 1949 les chroniques «Au pays des mines »)."

 

"Un autre mineur m’était néanmoins plus familier, celui du dessin animé proposé par un valenciennois, Jean Mineur (cela ne s’invente pas) , qui annonçait et clôturait la séquence des « réclames » à l’entracte du cinéma.

Il s’agissait d’un fringant galibot habillé d’un bleu, tenant d’une main sa lampe pas encore électrique et de l’autre son pic. Il était coiffé d’un casque de type colonial et se présentait sur un décor de chevalements et de terrils. Sur quelques notes d’une musique entraînante (qui aurait pu être celle d’une des nombreuses fanfares du Nord), il bondissait quelques secondes avant de lancer son pic en plein cœur d’une cible, laquelle cible était faite de trois «0» concentriques et le pic quand il l’atteignait devenait un 1.

Retentissait alors la voix affectée du speaker (c’est ainsi que l’on dénommait alors ceux qui faisaient métier de parler sans délivrer des messages personnels) qui scandait : « Balzac 00 01, Jean Mineur Publicité, 79 Champs Elysées Paris »."

Convoyeur jusqu'à l'embarquement dans un cargo

 

Une mine Normande sous la mer

 

A l'emplacement-même occupé par la centrale nucléaire de Flamanville, il y avait alors une mine de fer qui avait la particularité (unique en Europe) d'être sous-marine.

Environ 150 mineurs y extrayaient 500 à 600 tonnes de minerai de fer par jour. Elle se remarquait de l'extérieur par un convoyeur à nacelles qui acheminait les matériaux extraits jusqu'à un point de déchargement accessible aux navires qui les exportaient vers la Belgique et l'Angleterre.

L'eau s'infiltrait dans la mine et plus la surface augmentait plus la puissance des pompes qui refoulaient cette eau devait être élevée. En 1962, à sa fermeture, il paraît que la production coûtait deux fois plus cher que l'équivalent importé de Mauritanie.

Bon nombre de mineurs retrouvèrent un emploi à la construction du centre de retraitement qui commençait alors.

 

Diélette, une mine sous la mer, FR3 Bretagne,12 2 2016, 1 minute 30

La fin du charbon français

 

" Malgré le poids de l’industrie minière et les lourds investissements consentis, malgré l’assurance donnée par Charles De Gaulle, Président de la République, (« jamais il ne faut renoncer au charbon ») le 25 septembre 1959, neuf mois plus tard, le 21 juin 1960, le ministre de l’industrie, Jean-Marcel Jeanneney annonce un « plan d’adaptation des houillères » prévoyant une réduction de la production et la fermeture des puits les moins rentables. En 1968, un autre ministre de l’industrie du Général de Gaulle, André Bettencourt, décrétera l’accélération de ce processus.

 

Deux événements redonneront ensuite un espoir vain aux mineurs : en 1973, le renchérissement du prix du pétrole provoquera un temps une augmentation de la production du charbon et, surtout, en 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir avec sa politique de « relance du charbon » qu’elle concrétisera immédiatement par l’embauche de 10000 mineurs.

 

Il faudra attendre le 27 avril 1983 pour que François Mitterrand, Président de la République, à l’occasion lui aussi d’un voyage dans le Nord, annonce la renonciation à ce plan de relance au vu du gouffre financier qu’il génère."

 

 

Photos de mines dans le Nord (en 2010)

Chronique initialement publiée en juillet 2010

complétée en janvier 2019 (mine de Diélette) et en février 2020 (Paris en bleus)

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Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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