Jouet

1955 Jouets des circonstances

Affiche
Le salon de l'enfance au Grand Palais dans les années 50

"Les enfants du baby-boom ont dans leur majorité été des enfants gâtés.

Deux circonstances principales concourent à cette situation :

  • leurs parents avaient vécu la guerre, ses drames et des privations qui s'étaient poursuivies jusqu'à la fin des années quarante (tickets de rationnement jusqu'en 1949). Il était légitime qu'ils procurent à leurs enfants une vie radicalement différente. La dotation en jouets constituait l'un des moyens d'y parvenir ;
  • avec les années cinquante, l'envol économique allait donner aux familles des ressources croissantes et par conséquent la possibilité matérielle de ces ambitions parentales."

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...je suis un garçon et, en tant que tel, poupées et ustensiles ménagers sont exclus de ma panoplie de jeune mâle. Mon école communale à Paris est « de garçons » et elle ne jouxte même pas, comme c'est souvent le cas à la campagne, son équivalente « de filles ».

Un seul doudou a accompagné mes toutes premières années : un chien même pas en peluche mais comme recouvert d'une moquette à poil ras maronnasse."

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"Autre caractéristique de cette période : les jouets sont souvent des objets ou des représentations d'objets que les parents ne peuvent encore acquérir « en vrai ». "

Dans l'abécédaire, j'évoque les jouets associés à ces objets des adultes : téléphone, téléviseur, tourne-disque....

Moi en voiture à pédales au Jardin des Plantes

"Autre objet de désir le plus souvent inassouvi par les adultes d'alors ; l'automobile (mes parents n'en seront dotés qu'en 1956, à l'approche de la  quarantaine). Les voitures à pédales sont alors peut-être en plus grand nombre que les modèles à explosion. Je ne manque évidemment pas d'être équipé d'un engin qui ressemble à la traction avant Citroën de mon parrain mais d'une couleur bleu vif que seules se permettraient les belles américaines. Ainsi qu'en témoigne une photographie, je n'hésite pas à affronter les frimas : on m'y voit emmitouflé comme un chauffeur de voiture de maître du début du siècle dans les allées du Jardin des Plantes, voisin de notre appartement."

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"Un peu plus tard, la patinette remplace la voiture. Pas une de ces patinettes d'aujourd'hui que l'on meut à cloche-pied, une patinette sur laquelle on peut se tenir en équilibre en appuyant régulièrement sur une pédale située au pied du guidon, ladite pédale imprimant le mouvement de la roue arrière. Et cela va beaucoup plus vite que la voiture à pédales."

Cyclorameur

"Un autre moyen de transport réservé aux enfants – que je n'ai pas pratiqué mais qui était assez répandu – faisait appel à la force des bras tirant d'avant en arrière les deux parties du guidon : le cyclorameur. On peut se faire une idée du principe dans les salles de musculation … mais dans ce cas-là, cela ne mène nulle part."

Bateau Jep

"L'usage des matières plastiques, s'il était loin d'être dominant, n'était pas pour autant marginal aux côtés du bois et de la tôle. Ainsi, mon téléviseur et mon téléphone étaient en plastique.

En bois, mon premier alphabet, un jeu de cubes sur les faces desquels avaient été collés des morceaux de puzzles, un jeu de construction de chalets de montagne …"

Autorail Bugatti par Hornby

"En tôle, ma voiture à pédales, le petit canot à moteur qui me créait bien de l'angoisse quand je craignais que son ressort ne finisse de se détendre au beau milieu du bassin du jardin du Luxembourg.

En tôle également le chemin de fer électrique Hornby avec son autorail Bugatti jaune et rouge, sa locomotive BB (il y en a encore dans nos gares), ses wagons , sa passerelle..."

"Je pense que tous les jouets que j'ai évoqués ici étaient fabriqués dans les limites de l'hexagone, y compris ceux dont l'initiative revenait à des firmes étrangères comme Hornby ou Dinky Toys. Un film sur le « travail des hommes » réalisé en 1957 fait état de 16000 entreprises françaises oeuvrant pour ce marché « en plein essor » et bénéficiaire à l'exportation (deux milliards de francs).

Fourgon postal miniature

Comme on peut le constater en visionnant des documents de l'époque, la fabrication était peu automatisée, même s'agissant de produits de relativement grande diffusion. Ainsi peut-on voir par exemple dans l'usine Dinky Toys une ouvrière appliquer au pinceau la peinture noire des plaques d'immatriculation d'un fourgon Peugeot puis apposer précautionneusement la mention Postes en décalcomanie sur chacun des flancs (Postes est au pluriel et le fourgon est vert, ce qui est normal pour l'époque)."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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