Journaux

1954 Mercerie-journaux

"Il fait bien sombre dans cette petite boutique pourtant orientée plein Sud sur cette grande tranchée haussmannienne qui marque la limite du cinquième et du treizième arrondissement de Paris : le boulevard Saint Marcel. Pas question de voir ce qui se passe à l’intérieur tant la devanture étriquée est encombrée d’objets divers, ornée notamment de partitions de chansons populaires (paroles et portées musicales).

Boutique très semblable à celle citée
Une mercerie-journaux du 20ème arrondissement à la même époque (site http://ruedupressoir.hautetfort.com/)

Ce petit commerce est une papeterie mercerie journaux tenue par un couple proche de la soixantaine et qui s’est sans doute gardé de toucher à quoi que ce soit depuis son entrée dans les murs. La femme, plantureuse et aux yeux généreusement maquillés, s’occupe plutôt des clientes et par conséquent de la mercerie tandis que l’homme, petit et râblé, toujours vêtu d’une blouse grise, se consacre à la presse dont la clientèle est surtout masculine. En fait, je devrais plutôt dire qu’il se consacre au pliage car je ne le vois jamais qu’occupé à plier consciencieusement les journaux quotidiens, l’un après l’autre, pour les déposer, par titres et les uns derrière les autres, dans des casiers en bois disposés sur le comptoir à l’entrée de la boutique.

Les quotidiens ont alors un format moitié plus grand que celui que, promiscuité croissante dans les transports en commun aidant, nous leur connaissons aujourd’hui et, il faut bien le tournemain de l’homme en blouse grise pour les réduire à un format voisin de celui de cartes routières, leur ôtant ainsi tout signe distinctif apparent. Le regard de l’enfant de huit ans que je suis alors se porte à quelques centimètres au-dessus des casiers. Pourtant il m’est impossible de discerner quoi que ce soit des manchettes."

 

Le journal du dimanche

"Le Journal du Dimanche boucle son édition en fonction des événements hippiques et sportifs du jour et cela peut donc parfois mener assez tard "

....
"Au carrefour du boulevard Saint Marcel et de l'avenue des Gobelins, nous retrouvons une petite foule d'habitués exclusivement masculine qui se tient pour partie sur le trottoir et, pour partie, trompe son impatience en sirotant l'apéritif à l'intérieur de la brasserie, le « Canon des Gobelins ».

Le Canon des Gobelins et son "barnum"  dans les années 50
Le Canon des Gobelins et son "barnum" (à droite)

  

 

 

Livreur de journaux sur une moto à side-car

La délivrance finit toujours par être apportée par une moto pétaradante qui traverse le carrefour en diagonale (la densité de circulation le permet encore). Le motocycliste au blouson de cuir noir s'empresse d'alléger le side-car d'une pile de journaux poursuit sa course plus au Sud en direction de la place d'Italie."

 

La durée de l'attente est très aléatoire du fait de la sujétion à l'actualité ...  

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien