Livre

1953 Rose, verte, rouge et or

 

"  L'année scolaire 1952-1953 est celle de mon apprentissage de la lecture et l'écriture à l'école communale du boulevard Saint-Marcel à Paris, petite classe (cours préparatoire aujourd'hui) de la maîtresse (professeur des écoles) Madame Lamur.

Le souvenir, bien que lointain, demeure vif: ces acquisitions me mettent presque sur un pied d'égalité avec les adultes, c'est du moins ce que je ressens.

 

Pour être franc, je n’associe pas aujourd'hui (66 ans plus tard) cet apprentissage à des livres mais plutôt à des bandes dessinées (entre autres l'immortel Tintin et le délaissé Bibi Fricotin) et à la consultation du quotidien France-Soir (le journal que mon père se procure quotidiennement). J'ai ainsi déjà évoqué dans une autre chronique un de mes premiers travaux pratiques: l'association des quatre syllabes do mi ni ci.

 

Des livres me sont cependant offerts que je dévore avec gourmandise mais je ne saurais dire par exemple quand je lus «mon» premier Jules Verne ni quel en était le titre.

 

Trois collections vont progressivement constituer ma bibliothèque pour la jeunesse:

  • la bibliothèque rose qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas réservée aux filles mais plutôt aux lecteurs débutants. Sa création date de 1853 avec principalement les ouvrages de la comtesse de Ségur dont le succès perdure dans les années 50,

  • la bibliothèque verte, elle aussi créée antérieurement à la période du baby-boom (en 1923), laquelle s'adresse plutôt à des enfants au-dessus de 10 ans,

  • la bibliothèque rouge et or d'Hachette créée en 1950. Elle est d'un format plus grand que les deux précédentes et, contrairement à elles, n'arbore pas une couleur de reliure cohérente avec son appellation mais donne dans le blanc-crème pâle. Elle concurrence la bibliothèque verte en plus huppé, se dotant même de quelques illustrations en couleurs, ce qui est rare dans les années 50, alors que même les livres de peinture sont souvent cantonnés au noir et blanc.

 Les motifs imitant l'or n'agrémentent pas que la collection rouge et or mais également les deux autres. Les livres pour les enfants conservent alors quelques attributs des «beaux livres» des parents ...

Ma bibliothèque se garnit également de quelques livres-cadeaux plus onéreux et d'un format sensiblement plus grand.

 

Distribution des prix
Dans les années 50, à Oran comme à Paris

En fin d'année scolaire, la distribution des prix en présence des familles, des instituteurs et du directeur de l'école constitue une occasion de recevoir un de ces livres. Le cérémonial tient du festival de Cannes avec Marseillaise inaugurale et appel des heureux élus un par un (bref discours d'éloges du directeur).

 

Les livres offerts sont pour la plupart du niveau de la collection rouge et or mais, comme j'alternerai les places de premier et de deuxième (toujours avec le même compétiteur) durant toute ma scolarité primaire, j'aurai à chaque fois droit à un livre de grand format (par exemple, les fables de La Fontaine toutes illustrées en couleurs).  "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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