Livre

2019 Circuit court

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"    Le fait de pouvoir se dispenser d'un réseau de libraires de quartiers ne date pas de la survenance d'internet, ni même des débuts de l'informatique de gestion.

 

Dés l’après-guerre, des «clubs de livres» - parmi lesquels le Club français du livre et la guilde du livre (suisse)-, proposaient à leurs adhérents l'achat de livres par correspondance et inséraient abondamment des messages publicitaires dans la presse pour recruter ces adhérents.

 

Le déploiement d'internet a étendu ce processus à l'ensemble des livres, remplacés dans un premier temps par des supports numériques puis accessibles et déchargeables à distance sur des équipements individuels, d'abord des ordinateurs personnels, aussi sur des smartphones et enfin sur des liseuses spécialement dédiées à la lecture de longue durée.

 

 

Il est donc inexact de faire porter à la «révolution numérique» tout le poids de la mise en péril des libraires de quartiers.

 

Ce qui est en revanche nouveau tient à la mise en question du rôle des éditeurs.

 

Ceux-ci se sont généralement adaptés à la nouvelle donne en proposant à la vente les mêmes livres en version imprimée et en version numérique. Pour l'éditeur, la version numérique d'un ouvrage ne manque pas d'intérêts :

 

  • plus d'invendus et plus de mise au pilon,

  • plus de stocks immobilisés,

  • plus de logistique (papier, impression, transport),

  • plus de dépendance aux fluctuations du marché,

 

tous avantages contribuant à une prise de risques financiers plus faible.

 

Symbo,e auto-édition
Circuit court

 

Mais la simplification peut être encore plus radicale avec l'auto-édition consistant pour l'auteur à déposer son ouvrage en version numérique sur une plate-forme indépendante de tout éditeur.

 

L'auteur qui s'auto-édite:

 

  • publie à moindres frais, voire même à coût nul, l'ouvrage refoulé par les éditeurs (99% des ouvrages proposés aux éditeurs) alors qu'il n'avait jusqu'alors que le recours à l'édition à compte d'auteur,

  • jouit de la plus grande liberté qui soit et n'a pas à s'inquiéter de modifications plus ou moins imposées par le directeur de collection,

  • s'il choisit la formule du livre ouvert à la vente (par exemple sur Amazon), il peut en retirer des gains équivalents à ceux rétrocédés par les éditeurs. En effet, même si le livre imprimé est commercialisé à un montant plus élevé que le livre numérique, l'auteur ne touchera jamais plus de 10% tandis que la plate-forme lui en concédera plusieurs dizaines de %.

 

Cependant, l'auto-édition présente en contrepartie de sérieux inconvénients :

 

  • l'absence de contrainte éditoriale dispense de la connaissance du marché et peut par conséquent limiter la diffusion de l'ouvrage. L'éditeur qui investit seul et se rémunère éventuellement sur les ventes est naturellement attentif à l'auditoire qu'il peut escompter…,

  • le texte n'est pas relu par un professionnel et sa forme peut en souffrir,

  • l'auteur ne dispose pas de support à la diffusion de son ouvrage. L'absence de la confiance d'un tiers éditeur prive le lecteur d'une forme de légitimation qu'apporte une sélection.

 

Quelques-unes des plate-tormes d'auto-édition
Quelques-unes des plate-tormes d'auto-édition

En résumé, l'auteur auto-édité est un peu dans la situation d'un candidat se présentant seul sans le soutien d'un parti ou d'une association à une élection politique et, s'il ne dispose pas d'une notoriété (présence à la télévision, dans les réseaux sociaux …), son œuvre a toutes les chances de croupir indéfiniment sur les étals virtuels.

 

Pour contrecarrer ce risque, les plate-formes d'auto-édition telle «mon best seller» vendent des offres publicitaires comme la mention du livre sur la page d'accueil (faisant alors office de tête de gondole) durant une durée déterminée. D'autres proposent le service d'accompagnement de l'auteur par un «agent littéraire» (?).

 

A ce stade, il est difficile de prophétiser de la place que prendra l'auto-édition et de l'envergure des mutations qui affecteront les différents acteurs du livre.

 

Cependant, le fait qu'un livre auto-édité ait pu faire partie de la première sélection pour le prix Renaudot et que cela ait provoqué un vif émoi dans la professions montre que l'auto-édition ne constitue pas une innovation marginale et négligeable.   "

 

Chronique publiée en juillet 2019 (Le livre au 21éme siècle)

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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