Mariage

1960 Blanc et couleurs

En Bretagne dans les années 30
En Bretagne dans les années 30

 " Dans le chef-lieu de canton du Calvados, village natal de ma mère, ou je passe désormais toutes mes vacances, les mariages ne peuvent qu'être assortis d'une cérémonie religieuse. Comme l'écrit Sabine Mecchior-Bonnet dans son histoire du mariage : «Pour les populations rurales, tout au long du 19ème siècle et jusque dans les années 50, le mariage civil (qui précède la cérémonie religieuse) apparaît comme une formalité administrative et donc de peu d'intérêt».

Cette cérémonie religieuse, incontournable, est marquée ici par une règle vestimentaire tacite dont je n'ai pas trouvé trace dans les ouvrages que j'ai consultés mais dont je peux attester:la robe de la mariée ne peut décemment être blanche que si les préceptes religieux de la vie pré-maritale ont été observés. Une femme supposée avoir vécu dans la dissipation (qui a «fait la vie» équivalent à «qui a fait la noce» …) ou, même, qui aurait, selon la rumeur, simplement anticipé la pratique des joies du mariage avec son «promis» ne peut endosser qu'une robe de couleur pastel pâle.

Évidemment, les commérages vont bon train à chaque cérémonie. Évidemment, nul ne se préoccupe de la tenue du marié, au sens propre comme au sens figuré.

Les films argentiques amateurs conservés sur le site de la région Centre-Val de Loire (de l'ordre de 280) ne nous renseignent pas sur l'extension de cette règle ailleurs que dans le Calvados puisqu'ils sont quasiment tous tournés en noir et blanc jusqu'au début des années soixante. En revanche, on peut constater une grande similitude des cérémonies depuis les années trente (les caméra-amateurs ont fait leur apparition dans les années 20) jusqu'aux années quatre-vingt (disparition rapide des films 8, super 8, 9,5 et 16 du fait de la commercialisation de caméscopes). On y voit:

  •  les invités spécialement attifés pour l'occasion, les femmes chapeautées,
  • le cortège déambulant avec ses garçons et ses filles d'honneur,

  • la cérémonie religieuse (images à la sortie de l'église) très rarement omise dans le scénario, la cérémonie civile plus souvent,

  • les agapes et souvent les danses (occasion pour d'autres jeunes de nouer des relations) clôturant le tournage.

On ne peut évidemment rien en déduire sur le niveau de pratique du rite au fil des années: ne filment que ceux qui sont attachés à la pompe de l'événement et qui disposent du matériel nécessaire. Par contre, il est peut-être significatif de relever que les cérémonies de fiançailles disparaissent de l'inventaire à partir du milieu des années soixante."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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