Mariage

1975 Contrat révocable

 " En 1966, deux chansons qui marquent une évidente distanciation par rapport au mariage obtiennent un assez grand succès public:

  • «Marions-les» ironiquement interprétée par Juliette Gréco,

  • «La non-demande en mariage» de Georges Brassens.

Affiche : grève des femmes

A partir de 1967, des mouvements féministes se créent (le MLF étant le plus connu) qui réclament une égalité des rôles dans le couple et le droit à la planification des naissances.

En 1968-1969, la «cohabitation juvénile» avant le mariage se développe: sur 100 mariages, 17 partenaires l'ont pratiquée.

Les familles nombreuses de 4 enfants ou plus diminuent: elles étaient 820 000 en 1962, elles ne sont plus que 628 000 en 1975. Elles tomberont à 371 000 en 1982.

La réduction est plus nette encore pour les familles de 9 enfants ou plus passant de 37 000 en 1962 à 10 000 en 1975 pour chuter à 3 000 en 1982.

Quelle est la part de la loi Neuwirth édictée le 28 décembre 1967 dans cette évolution? Difficile de le déterminer dans la mesure ou elle permettait la contraception sans toutefois la rembourser et qu'elle ne traitait pas de l'avortement.

 

La loi du 4 juin 1972 met fin à la notion de chef de famille (l'homme systématiquement bien entendu) en faisant partager l'autorité parentale entre les époux tout comme le choix de la résidence familiale.

 

Les transformations les plus importantes auront lieu sous le septennat du Président Giscard d'Estaing: dès décembre 1974, la contraception est véritablement libéralisée et remboursée par la Sécurité Sociale.

 

1975 est, selon moi, l'année de la plus profonde transformation du mariage avec la dépénalisation de l'avortement (la peine de mort sous le régime de collaboration avec les nazis) et, plus encore, avec la loi portant réforme du divorce publiée le 11 juillet. Par cette loi s'ouvre un droit de «démariage» à l'initiative des intéressés.

Divorce de Napoléon et de Joséphine en 1809 sur la base du code civil édicté en 1804 et peu modifié jusqu'en 1975
Divorce de Napoléon et de Joséphine en 1809 sur la base du code civil édicté en 1804 et peu modifié jusqu'en 1975

Auparavant (depuis le code civil de Napoléon en 1804), le mariage ne pouvait être rompu que pour une cause grave entérinée à l'issue d'un procès. A cette caractéristique d'indissolubilité, conforme à la prescription religieuse, se substitue la possibilité d'une annulation sur la base d'un consentement mutuel.

 

La démarche était courageuse car, si une frange croissante de la population aspirait à une telle évolution, cette attente n'était pas unanime ainsi que le montre une enquête de l'IFOP réalisée, il est vrai, en 1965:

  •  22 % en faveur du statu quo,
  • 27% souhaitant rendre le divorce plus difficile,

  • 37% souhaitant le rendre plus facile.

Journal Le Parisien libéré avec en titre : "les évêques condamnent la loi sur le divorce"

 

Ce changement se heurte à l'opposition des évêques de France et à une partie des députés de la droite : la loi n'est adoptée qu'avec l'appui de députés de gauche et du centre.

A noter que cette même loi supprime la discrimination entre homme et femme en cas d'adultère. Cela pouvait jusqu'alors valoir jusqu'à deux ans de prison à l'épouse tandis que son conjoint encourait seulement une amende, et encore, si la concubine illégitime était accueillie au domicile conjugal.

 

Simone Veil devant l'Assemblée
Simone Veil devant l'Assemblée

 

La loi permettant l'interruption volontaire de grossesse défendue par Simone Veil, le passage de la majorité légale de 21 à 18 ans et la création d'un Secrétariat d’État à la condition féminine, confié à Françoise Giroud, sont également à mettre au crédit de cette Présidence.

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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