Montre

1991 Autres temps, autres montres

Carillon à l'entrée du musée
Carillon à l'entrée du musée

"Juillet : vacances en Suisse. Visite du musée international de l'horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Du cadran solaire à l'horloge atomique, on comprend ici que l'industrie horlogère est demeurée exclusivement basée sur la mécanique de précision jusqu'au milieu du 20ème siècle.

Une précision toute relative à l'origine des montres, à la fin du 15ème siècle, quand il était indispensable de se référer quotidiennement au cadran solaire pour repositionner correctement les aiguilles.

Puis, au prix d'un processus d'amélioration continu, les montres ont acquis précision et fiabilité. Seulement, ces modifications portaient, sur les pièces, leurs alliages, les outils de fabrication et de contrôle, les modes opératoires … et restaient confinées au domaine de la mécanique."

Montre SEIKO

"Et cette voie est ouverte par le Japonnais Seiko qui présente la première montre à quartz dès 1969. Les prix élevés des premiers modèles découragent un temps les acheteurs potentiels. De ce fait et sans doute également du fait de la maîtrise acquise dans l'horlogerie traditionnelle, l'Europe tarde à réagir. En France, les ouvriers de LIP en pleine crise présentent un premier modèle en 1973. Le leader syndical Charles Piaget qui s'exprime alors salue la capacité d'innovation tout en estimant que les montres mécaniques ont encore «bien du temps à vivre». JAZ, autre grand horloger Français, propose un premier modèle en 1975."

"La Suisse ne réagit pas plus vite et voit son industrie horlogère ravagée, ses effectifs passant de 90000 employés à 30000 de 1970 à 1984."

Montres SWATCH multicolores

"Le rebond intervient en 1983 avec la création de la montre Swatch. Reposant sur une conception novatrice (réduction sensible du nombre de pièces), d'une présentation attrayante (matière plastique de couleurs osant le psychédélisme) et d'un prix modique, la Swatch n'est plus seulement une montre qui donne l'heure mais un attribut qui se montre et dont on peut changer au gré de la mode. En cela, elle ouvre la voie à une «horlogerie de l'inutile» et par conséquent au développement du marché des montres de luxe."

...

"La seconde révolution intervient en cette année 1991 lorsque Nicolas Hayek, son dirigeant, opte pour la commercialisation d'une Swatch mécanique à remontage automatique. Dans un ouvrage publié en 2006, il s'en expliquera : «Sans cela, nous aurions dû tout de suite arrêter l'activité de deux fabriques importantes qui ne produisaient rien d'autres que des ressorts et organes réglants pour montres mécaniques.» … «Nous avons lancé une Swatch mécanique parce que nous voulions garder en Suisse le savoir-faire nécessaire pour la fabrication des montres mécaniques».

C'est ainsi que la montre bon marché à quartz a permis de sauver la montre mécanique et de lui assurer une position dominante sur le marché du luxe extrême."

"Cette histoire illustre donc à la perfection à la fois la fragilité des positions acquises du fait de l'accélération des transformations technologiques et, message d'optimisme dans un climat empreint de morosité, la possibilité de rétablissements spectaculaires quand de bonnes décisions sont prises, même tardivement.

 

Epilogue : en 2014, délibérément repositionnée sur le «haut de gamme», la Suisse, troisième producteur mondial, est le premier en valeur (montres de plus de 800 €) et exporte 92 % de sa production."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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