Rodage

1954 Doublez, profitez-en !

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"L’automobile venant d’échapper à ses chaines soumettait d’abord son heureux propriétaire à une forme de purgatoire. L’équipage se signalait à l’attention des autres automobilistes par une étiquette apposée sur la vitre arrière : « en rodage ».

Pour bien marquer le caractère temporaire de cette période de mise en forme, la Régie Nationale des Usines Renault, avait complété non sans une certaine morgue « doublez, profitez-en ! » (si je me souviens bien, l’affichette apparut avec la Dauphine en 1956)."

"Durant cette période, l’auto requerrait les plus grandes prévenances. Ainsi, pour la 4CV Renault, la première voiture de mes parents, la notice d’entretien stipulait des instructions précises.

Il convenait de ne pas dépasser 55 km/h en troisième (et dernière) vitesse durant les 1000 premiers kilomètres en veillant à ne pas franchir les 16km/h en première et les 32km/h en deuxième. Durant les 1000 kilomètres suivants, 70km/h constituait une limite mais avec la permission de commettre des intrépidités « exceptionnellement, en palier, faites quelques pointes pendant quelques secondes ».

Des préconisations plus drastiques encore étaient mentionnées dans d’autres références : il était carrément préférable d’éviter le rodage « par grande chaleur », laissant toutefois au lecteur le soin d’apprécier à partir de quel seuil la chaleur devenait grande et l’on prévenait que, passée la période de rodage, il fallait encore prendre son mal en patience avant d’espérer atteindre la vitesse de pointe de 100 km/h car « votre voiture n’atteindra son plein rendement qu’après quelques milliers de kilomètres »." 

Page de la notice d'entretien
L'entretien tous les 2500 km, d'autres croquis et spécifications pour les étapes d'entretien tous les 500km, tous les 5000km et tous les 10000 km.

 

"Pour la 4 CV, le parcours initiatique s’accompagnait d’une première vidange à 1500 kilomètres, opération à réitérer à 2500 kilomètres en veillant à surveiller le niveau d’huile tous les 500 kilomètres.

Il était préférable de parcourir cette étape cruciale durant les six mois suivant l’achat car la garantie n’allait pas au-delà.

 

Ensuite, la surveillance ne se relâchait guère :

• « Tous les jours et au moins tous les 500 kilomètres », poursuivre la surveillance attentive du niveau d’huile (opération à faire par l’heureux propriétaire),

• Tous les 2500 kilomètres, « vidange, rinçage et remplissage » (le graissage concernant divers organes dont, par exemple, la gaine du câble de commande de starter (le carnet d’entretien spécifiait la marche à suivre mais à moins d’être mécanicien …),

• Tous les 5000 kilomètres, vérification et réglage des bougies, du distributeur, de la courroie de ventilateur, des soupapes, du train avant, du réservoir de liquide des freins et des accumulateurs,

• Tous les 10000 kilomètres, remise à niveau de l’huile de la boite de vitesses et du pont, graissage de la direction et des roues."

 

Vue arrière de la 4CV
Au-dessus du capot, le bouchon d'eau ... et dans le pare-chocs le trou pour la manivelle

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"Le refroidissement à l’eau devait également être attentivement surveillé au risque d’être ébouillanté à l’ouverture du bouchon situé au-dessus du capot qui, contrairement au couvercle de la cocotte-minute apparue à cette époque, ne comportait pas de soupape de sécurité. Prudemment, le carnet d’entretien stipulait : « chaque matin avant le départ, assurez-vous du niveau d’eau et faîtes le plein si nécessaire ».

Par temps froid, outre l’antigel, il convenait d’utiliser avec doigté le store de radiateur, opération ainsi décrite dans le carnet d’entretien « le réglage du store se fait de la place du conducteur et le thermomètre gradué sur le tableau de bord permet l’utilisation optimum du store »."

Dessin
Réglage du store (porte conducteur)

"Pratiquement, le câble de réglage du store était situé au-dessus de la porte du conducteur, lequel pouvait à bon escient choisir l’un des cinq points d’ancrage. Qu’une fois le moteur chaud, le conducteur oublie de relever le store et l’on pouvait craindre que l’ébullition ne survienne en dépit de la froidure extérieure."

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"Dans les années cinquante, les péripéties narrées par le chanteur Giorgius en 1938 dans sa drolatique chanson « ça, c’est de la bagnole » étaient encore d’actualité … "

 

Périples et péripéties automobiles au milieu du 20ème siècle

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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