Sanatorium

1975 Cure d'air

"  Le terrain que nous acquérons en 1975 à une dizaine de kilomètres d'Orléans est proche d'un bâtisse qui s'affiche maison de repos et de convalescence.

Nous apprenons rapidement qu'on la nommait antérieurement sanatorium, un mot dont l'usage s'était perdu. Ce sanatorium-là n'a rien à voir avec les images gardées de mon enfance: de grands bâtiments s'inscrivant dans le «mouvement moderne» des années 20-30 utilisant largement le béton armé et copieusement ventés sur des terrains escarpés ou en bordure de mer.

Ici, l'altitude culmine à 116 mètres et la mer la plus proche est à des centaines de kilomètres. De plus, l'architecture du bâtiment ne doit rien en apparence au «mouvement moderne»: briques et ardoises dominent pour constituer une bâtisse qui a quelque chose d'un grand hôtel du siècle précédent.

 

La cure d'air vantée sur une carte postale trouve cependant une justification dans le fait que le lieu était autrefois le siège d'un moulin à vent, le moulin des Sablons que les gens d'ici nommaient le moulin des quatre vents car il était juché -très relativement- sur un tertre où se rencontraient quatre routes et «où passaient tous les vents» selon la formule de Solange Dufour, historienne locale.

Quant à l'architecture traditionnelle, elle s'explique par le fait que la construction a été décidée le 14 janvier 1900, résultant d'une action charitable initiée en l'église Sainte-Croix d'Orléans par monseigneur Touchet.

Il s'agissait d'accueillir «les indigents et les malades», l'établissement devant vraisemblablement être alors placé dans la catégorie des «sanatoriums populaires pour le traitement de la tuberculose pulmonaire des ouvriers ou malades pauvres».

Bien que les donateurs sollicités aient été des Orléanais, l'implantation est choisie à l'écart de la ville et dans un écart de la commune d'accueil à faible densité de population (au moment de la construction).

 

L'inauguration a lieu le 15 janvier 1902. Le département et les communes avoisinantes ont également contribué à son financement et il s'intitule dans certains documents «sanatorium du Loiret». Cela semble indiquer son exclusivité, encore que mes recherches m'aient permis d'identifier un autre établissement dans le département, le château du Petit Gouffault à Meung sur Loire, de capacité limitée (17 lits) et apparemment destiné à une clientèle plus huppée.

Sanatorium pour femmes

Le «sanatorium du Loiret» accueille exclusivement des hommes. Un autre établissement de la même époque (au vu des cartes postales) situé à deux ou trois kilomètres dispose de 15 lits pour des femmes.

Chapelle

On peut émettre l'hypothèse qu'il relève de la même initiative confessionnelle car les cartes postales montrent la présence de religieuses et d'une chapelle. L'existence d'une halle de cure similaire à celle du «sanatorium du Loiret» renforce la probabilité de cette hypothèse.

Soldat convalescent au sanatorium du Loiret
Soldat convalescent au sanatorium du Loiret

Durant la première guerre mondiale, la promiscuité et les conditions d'hygiène déplorables font croître le taux de tuberculose. Des sanatoriums – dont celui du Loiret - accueillent des soldats malades.

 

Il faut attendre 1920 pour qu'un sanatorium supplémentaire soit ouvert dans le département à La Chapelle Saint Mesmin. Cependant la capacité totale n'atteint pas la centaine de lits, ce qui apparaît bien peu en regard de la population touchée.

 

A ma connaissance, ce sera le dernier établissement édifié dans le Loiret.

Sanatorium de La Chapelle Saint Mesmin
Trois voitures devant le site dans les années 70

Lorsque nous découvrons le site, il est devenu cinq ans auparavant maison de repos et de convalescence. Il a peu changé depuis son inauguration, n'accueillant guère qu'une trentaine de personnes. La fréquentation est faible ainsi qu'en témoigne la rue à voie unique et, sur une carte postale des années soixante-dix, la présence de seulement trois voitures de visiteurs.

Chemin à voie unique, potager et galerie couverte

On reconnaît sa vocation initiale de sanatorium à la longue galerie couverte attenante au bâtiment, galerie destinée à accueillir les chaises-longues des patients en «cure d'air». Autre particularité qui date sans doute de la construction, l'existence d'un immense jardin potager encore cultivé, lequel doit sans doute satisfaire une part significative des besoins en légumes.

L'établissement jumeau réservé aux femmes a suivi la même évolution sur la même période (toujours au vu des cartes postales en l'absence de toute documentation).

 

 

Cette mutation des sanatoriums se vérifie au plan national puisque le nombre de lits pour tuberculeux est passé de 39900 en 1959 à 11986 en 1975.  "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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