Souvenir touristique

1958 Bric-à-brac mémoriel

Petite statuette de Manneken piss

"   J'ai déjà raconté le franchissement laborieux de la frontière entre la France et la Belgique en 1958. Je n'y reviendrai pas si ce n'est pour souligner combien la Belgique (et vraisemblablement les autres pays limitrophes) étaient alors ressentis comme des pays vraiment étrangers.

 

Aller dans un pays étranger sans en rapporter un souvenir touristique était donc difficilement imaginable. Ce fut pour moi un manneken pis en bronze d'une dizaine de centimètres de hauteur. J'échappais de peu à l'atonium, réalisation-phare de l'exposition, sur les traces de la tour Eiffel en tant qu'objet-souvenir.

Atonium miniature

Je ne sais pas ce qu'est devenu ce manneken piss. Sans doute a-t'il subi le sort de la plupart de ces cadeaux que l'on cloître d'emblée et qui finissent par disparaître à l'occasion d'un déménagement.

Une des difficultés de ce sujet réside dans le fait qu'il est impossible de remettre la main sur l'un quelconque de ces objets dont on garde pourtant le souvenir.

Plateau illustré de la ville de Lourdes

Les quelques traces que l'on trouve ne sont ni dans des livres (je n'en ai identifié aucun) ni dans des musées (il existe certes des musées consacrés aux années cinquante mais aucun n'est spécifiquement dédié aux souvenirs touristiques). J'ai toutefois repéré quelques spécimens sur des sites de vente de particulier à particulier:

Vierge boîte à musique
  • un plateau-repas recouvert d'une fresque de la ville de Lourdes,

  • une surprenante vierge boîte à musique de même provenance,

lesquels m'ont rappelé qu'en basse Normandie, des villageois très sédentaires à l'ordinaire s'embarquaient pour cette destination lointaine dans l'espoir d'obtenir leur guérison ou celle d'un proche et en rapportaient des objets-souvenirs, des «classiques» (boules à neige, statuettes et fanions divers) mais aussi de l'eau de Lourdes en bouteille spécialement dédiée à cet usage (la vente continue ...).

Carte postale multi-vues de Rémalard années 50

Sans entreprendre un grand voyage et même sans se rendre sur un lieu particulièrement prisé des guides verts ou autres, il existait déjà des objets-souvenirs sur des lieux de vacances. Ainsi, à Rémalard, dans le Perche, la boutique d'articles de pêche sur la place du marché dédiait une partie de sa vitrine à des petits objets ruraux en cuivre (chaudron , bouilloire …) et à des fabrications en bois marquées du sceau de la commune: «souvenir de Rémalard». Ma mère avait acheté une sorte de bonbonnière en bois qui ne devait sans doute pas grand chose à l'artisanat local et dont on devait trouver d'autres exemplaires en dehors de la région («souvenir de ….........»).

 

Sur le site le plus visité de la Normandie, le mont Saint-Michel, je garde aussi le souvenir de marchands de babioles supposées du crû à cette époque.

 

Curieux de déterminer la place que ces commerces tenaient alors dans la rue centrale, j'ai visionné des films amateurs conservés sur le site des archives de la Région Centre datant de 1945 à 1976. Sur tous ces films, on constate la présence de boutiques et de touristes que ces boutiques intéressent. Cela n'atteint toutefois pas la densité (de touristes et de boutiques) que nous avons constatée lors de notre dernière visite en septembre 2014 (donc «hors saison») mais il est difficile d'en tirer des conclusions. Toutefois, la fin d'un film tourné en juillet 1945 (donc «en saison») a attiré mon attention: on y voit des touristes dévaler cette rue principale sans rencontrer quiconque dans leur course.

Parking du mont saint-michel dans les années 50

Mêmes constatations faites dans des lieux que je connais depuis une cinquantaine d'années et qui partagent avec le Mont l'étroitesse de leurs voies d'accès comme par exemple les Baux de Provence et Fontaine de Vaucluse: il faut dorénavant être sur place tôt le matin pour éviter la horde des visiteurs et l'impression de cheminer dans une galerie commerciale mais, en revanche, les abords ont été aménagés et les parkings ont été éloignés pour ne pas gâcher le paysage. Au Mont Saint-Michel, ce n'était pas du luxe comme on le constate en regardant ces films.

 

Au Pont du Gard visité il y a 29 ans et revisité cette année, les marchands (de souvenirs, de glaces, de boissons …) composaient un vaste capharnaüm de plus en plus dense dès que l'on s'approchait du monument. L'aménagement leur concède aujourd'hui une zone dédiée, les éloignant des regards portés sur le Pont. 

Dans son livre,Sylvie Brunel évoque une disneylandisation du site du fait du vaste espace imparti aux commerces et de son implantation que l'on ne peut éviter sur le chemin de l'objectif de la visite mais, au moins, lorsque l'on a franchi ce sas commercial, on peut s'adonner au plaisir de la visite … et de la prise de photos-souvenirs... "

Pont du Gard premier plan arbre

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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