T.S.F.

1955 J'entends des voix

"Les voix n’avaient bien souvent pas de visages. Dans le meilleur des cas, on pouvait imaginer celui ou celle qui « causait dans le poste » par les photographies de la presse écrite, par les films lorsqu’il s’agissait de comédiens, par les actualités cinématographiques pour les hommes politiques et les « stars », par les pochades publicitaires de l’entracte pour les animateurs-vedettes et plus rarement pour tout ce beau monde par la télévision vue au travers de la vitrine d’un vendeur de postes."

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Enregistrement émission le masque et la plume
Enregistrement en public du Masque et la Plume dans les années 60

"Il y avait aussi des professionnels de la parole, les « speakers », des personnes n’ayant aucune prise sur les messages qu’ils délivraient et dont le seul mérite était d’articuler méticuleusement avec les intonations d’un maître d’hôtel. Nés avec les débuts de la T.S.F., quand la qualité médiocre de la transmission justifiait d’être compensée par une déclamation exemplaire, leur règne se perpétuera jusqu’aux années soixante. Ce devait être en 1962 ou 1963 et j’assistais à l’enregistrement en public de l’émission « le masque et la plume » au théâtre Récamier à Paris. Je me souviens du désarroi de François-Régis Bastide et de Michel Polac empêchés de commencer l’enregistrement de leur émission car le « speaker » de service était en retard et que, pour des raisons statutaires, on ne pouvait en aucun cas se dispenser de ses services. Le temps de reprendre son souffle professionnel, le « speaker » assermenté prononça sur un ton de baryton quelque chose comme : « le masque et la plume, l’émission de ce soir est consacrée au théâtre » et le débat avec les critiques put s’engager. Il revint à la fin de l’émission pour préciser : « vous venez d’entendre …»."

Affiche : "qui dit radio dit Radiola"
Des slogans simples ...

 

"Sur les postes dit périphériques, les slogans de la « réclame » qui avaient vu le jour dans les années trente étaient encore pour beaucoup d’entre eux en vigueur et les autres leurs ressemblaient. Ils étaient débités sur un ton guilleret et portés par des musiquettes entraînantes : Brunswick, le fourreur qui fait fureur, les meubles signés Lévitan garantis pour longtemps et André, le chausseur sachant chausser pour n’en citer que quelques-uns."

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Pour consulter la chronique consacrée à la "réclame", cliquez ici

"Le poste qui trônait sur le buffet avait à peu de choses près la dimension et la forme d’un four à micro-ondes. Il était en bakélite marron très foncé, presque noir et, contrairement au four à micro-ondes, diffusait généreusement la chaleur de ses lampes dès les premières minutes qui suivaient sa mise sous tension." ...

Poste de radio à touches et oeil magique
Poste Manufrance plus sobre que celui de mes parents

"A la sévérité du poste en bakélite succéda vers 1955 l’exubérance rococo d’un meuble deux fois plus volumineux. Il était en bois verni alliant le chêne moyen à l’ébène (à tout le moins, des bois de tons approchants." ...). "La nouveauté de l’appareil était révélée par une batterie de touches en matière plastique dans le ton de la toile, des touches semblables à celles qui équipaient les postes autoradio surtout visibles sur les « belles américaines»." ...

"Cependant, le plus épatant était bien l’œil magique, un œil tout rond de la taille d’une pièce de monnaie et composé de quatre quadrants dont la surface jaunâtre croissait au détriment d’un fond verdâtre quand les conditions de réception de la station choisie devenaient optimales."

Quelques postes de mon entourage :

"Un peu plus tard, peut-être en 1958, mes parents m’offrirent un petit poste à lampes de marque Radialva (avec des touches mais sans œil magique). Les émissions que j’écoutais seul dans ma chambre correspondaient à mes goûts d’alors pour le mystère et l’évasion. Je me souviens ainsi des « maîtres du mystère », du théâtre parlé sur des thèmes de romans policiers dont les séquences étaient scandées par une musique angoissante. Vers 22 heures, dans « Les nuits du bout du monde », le conteur Stéphane Pizella me transportait dans des contrées lointaines et exotiques. La rareté des images explique sans doute le vif intérêt que suscitaient alors ces programmes à la forte puissance évocatrice."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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