Taxi

1956 Maraudes en berne

Taxi 403 Peugeot prenant des clients en maraude

"  Pour son premier album publié en 1949, Francis Lemarque avait d'emblée composé un succès avec «A Paris», lequel comportait ce fragment : «Y a toujours des taxis en maraude qui vous chargent en fraude avant le stationnement»

 

A Paris, Francis Lemarque, 1949, 3 minutes

Tableau de bord radio-taxi 403 Peugeot

Ce texte est en passe de devenir caduc à partir de 1956 à Paris avec le développement des radio-taxis. Les clients équipés d'un téléphone peuvent ainsi commander un taxi par l'entremise d'un centre de réception des appels, lequel offre alors la course à la cantonade d'une flotte de chauffeurs en utilisant pour ce faire des fréquences radio (d'où l'appellation radio-taxi).

 

Radio taxi 403 Peugeot SLOTA
Radio taxi SLOTA - POR 59 59 (POR pour Port Royal)

Les chauffeurs reçoivent donc quantité d'appels auxquels ils ne sont pas en mesure de répondre positivement et doivent choisir la bonne course.

 

S'ils sont à l'arrêt, l'exercice est simple. Il est seulement fastidieux car il faut porter son attention à des messages sur fond de grésillements parasites et se porter preneur plus vite que le collègue qui est peut-être dans la même file d'attente.

Standard radio-taxi
Standard radio-taxi

Quand ils conduisent, l'exercice devient plus délicat car ils doivent non seulement discerner la course envisageable mais encore calculer à quelle heure ils seront en mesure de prendre le client en fonction de leur trajet en cours et du temps qu'il leur faudra à son terme pour rejoindre le client suivant.

 

Cette tâche sous contrainte de temps et à fort enjeu (demeurer le moins longtemps possible en stationnement et réduire les trajets à vide) se traduit par une charge mentale dont la concurrence avec la maîtrise simultanée de la conduite est difficile à gérer, nettement plus que celle d'une conversation téléphonique anodine déjà fort périlleuse.

Poste d'appel aux taxis en attente

Une autre formule évitant la maraude hasardeuse consiste à stationner dans une des rares files de taxis équipée à sa tête d'un poste téléphonique que les clients voisins appellent, à charge pour le premier taxi de la file, s'il y en a un, de répondre à la sonnerie. Vague souvenir de cela dans le quartier de l'Opéra, je crois.

 

Ces solutions ont en commun d'imposer au client la présence d'un poste téléphonique. Or, la demande est plus forte que l'offre et l'on peut attendre des mois pour obtenir une ligne. Les cabines téléphoniques ne sont pas légion (la première a été inaugurée en octobre 1955) et à la poste, il faut souvent affronter deux attentes, dans la file pour demander son numéro puis devant la cabine pour qu'elle se libère.

 

Ce contexte changera en deux temps: d'abord dans les années soixante-dix avec la modernisation du réseau puis, évidemment, à partir des années quatre-vingt dix avec la diffusion croissante des téléphones portables.

 

 

Par conséquent, la maraude demeure pour quelque temps encore un pis-aller réservé aux quartiers du centre de la capitale.  "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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