Thermalisme

2007 Des thermes sans fin ?

Vue extérieure thermes de Cambo

"   Le thermalisme a ceci de particulier qu’il traverse les siècles depuis l’Antiquité sans profondément évoluer. Simplement, les stations thermales, sans doute ainsi dénommées parce que les curistes ont vocation à y stationner durablement, passent souvent, au fil des siècles, par des alternances de grande prospérité et d’endormissement, au gré des modes et de la confiance que l’on accorde à leurs facultés thérapeutiques.

 

Cambo les Bains, au Pays Basque, n’a pas échappé à ces cycles. Pour s’en tenir au siècle passé, en 1930, l’établissement thermal, à peine reconstruit dans un magnifique style Art Déco, n’est pas autorisé à rouvrir ses portes par les autorités sanitaires. Celles-ci craignent en effet que les tuberculeux (que l’on ne sait pas encore soigner à cette époque) ne contaminent les sources. 

En 1976, le péril tuberculeux jugulé depuis une vingtaine d’années, la Chaîne Thermale du Soleil s’avise de remettre les installations en état.

 

L’histoire récente de Cambo est en quelque sorte l’archétype de celle de la plupart des autres stations thermales autour du changement de siècle précédent (du 19ème au 20ème): une personnalité de premier plan, en l’occurrence Edmond Rostand, crédibilise par sa présence au tout début du 20ème siècle une station qui vivait jusqu’ici plutôt d’une clientèle de proximité. Alors, la station attire des visiteurs plus fortunés et venant de plus loin. Les riches font construire des villas cossues où restaurer des maisons du cru «avec vue» tandis que les autres sont à l’origine du développement de diverses formes d’habitat collectif.  "

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"  En 2007, il n’y a aucune trace de près d’un demi-siècle de fermeture: les bâtiments art déco, resplendissants comme s’ils venaient d’être érigés, trônent dans un parc planté de palmiers, d’hortensias et de bruyères en bordure de la Nive. Les salles de soins sont constellées de mosaïques étoilées et les soins sont «prodigués par une équipe thermale préventive et attentive» (citation que j'estime justifiée d'une brochure publicitaire). Les lieux tiennent donc plus du palace que de l’établissement hospitalier.  "

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"  Aujourd’hui, au-delà du «service standard» de la «cure Sécurité Sociale», on donnerait plutôt dans l’abscons et la sophistication affectée. Ainsi les soins du visage s’intitulent-ils «aromaplastie», «aroma expert» où encore «aromassage». Sont aussi proposées des séances en «vaporarium en lumière de wood» (aussi limpide que la carte d'un restaurateur) où encore des «forfaits à thèmes» comme «bien dans sa peau, bien dans sa tête» (comme si la tête n'était pas, elle aussi et c'est heureux, recouverte de peau) comprenant «soin découverte visage + gommage corps+ modelage spa relax» (? +? +?).  "

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Affichette bols tibétains

"    En dehors de l’établissement thermal, d’autres offres tout aussi alléchantes et encore plus exotiques sont proposées par voie d’affichettes déposées sur les comptoirs des commerces locaux, au nombre desquelles les «massages sonores par bols tibétains». Là, les candidats au massage tibétain sont décemment priés de rester habillés par la dispensatrice des sons et vibrations, diplômée d’un Institut de Massage Sonore allemand (un diplôme d’un Institut Tibétain eut été autrement plus convaincant). «Les bols sont posés sur votre corps et frappés, les vibrations vont alors pénétrer vos muscles, organes et cellules au plus profond et, en même temps, les sonorités harmonieuses agiront au niveau de votre mental».

Rien à voir par conséquent avec le redoutable supplice de la goutte d’eau des chinois … Tout au contraire, le tintinnabulement tibétain «contribue au développement personnel et favorise la prise de conscience aussi bien physique que émotionnel (sic)».  "

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Cambo les Bains Fontaine

"   ... une épée de Damoclès n’en finit pas de menacer l'activité des stations thermales. A l’heure où toute économie est bonne à prendre pour restaurer un tant soit peu les équilibres financiers du pays, à l’heure où la liste des médicaments ravalés au rang «de confort» n’en finit pas de s’allonger, l’idée – pas nouvelle – de disqualifier les cures en les qualifiant elles aussi «de confort» pourrait bien un de ces jours resurgir.   "

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Et le magnifique paquebot immobile que constitue ce bel établissement, délesté d’une part des bénéficiaires de ses croisières de santé, retomberait alors dans sa léthargie initiale, victime d’une autre mesure sanitaire: l’assainissement de nos finances nationales. "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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