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1959 Programme commun

"  En 1959, les téléviseurs, qui sont encore vendus à prix d'or, commencent à prendre une place dans les loisirs et, en premier lieu, à ceux consacrés à l'assistance à des spectacles.

 

Je garde un souvenir assez précis du téléviseur Réella dont s'équipent alors mes parents et, même, de certains des premiers spectacles auxquels il m'est donné d'assister sur ce que l'on appelle alors l'étrange lucarne.

Sophia Loren en couverture de RadioCinéma en 1959
Sophia Loren en couverture de RadioCinéma en 1959

Auparavant, il n'y avait, pour moi comme pour une majorité de mes contemporains, que la radio et le cinéma, la télévision ne se laissant entrevoir à l'occasion que chez des voisins ou dans les vitrines des magasins de TSF.

 

L'ancêtre de la revue Télérama s'appelle alors Radio-Cinéma, un titre auquel quelques années auparavant on a jugé utile d'ajouter Télévision sur la page de couverture,mais en plus petits caractères.

 

Cette télévision, en noir et blanc, ne propose en France qu'une seule chaîne (d'où le titre de cette étape "programme commun"), laquelle n'émet qu'à temps partiel (en semaine, une heure au déjeuner et quelques heures le soir). Les thèmes proposés après le journal télévisé du soir diffèrent en fonction des jours de la semaine. Ainsi par exemple, pour les cinéphiles c'est dimanche et pour les amateurs de théâtre mardi.

 

Avant 1953, en l'absence de tout magnétoscope, enregistrer une émission consistait soit à filmer l'écran de télévision, soit à réaliser un film spécifique. Lorsque les premiers magnétoscopes professionnels font leur apparition, ce sont des matériels qui pèsent plus d'une tonne, occupent une pièce et coûtent le prix d'une maison.

Magnétoscope Ampex
Magnétoscope Ampex

En 1959, sans doute la Radio Télévision Française (RTF) en est-elle équipée mais, en tout état de cause, leur usage reste alors limité. Ainsi par exemple, en ce qui concerne la soirée théâtrale du mardi, l'émission se fait en direct, dans des décors minimalistes et sans public depuis les studios de Buttes-Chaumont. Pour les représentations de prestige, comme Les Perses en 1961, on filme en studio.

 

Marcel Bluwal au sujet du théâtre en direct,19 8 93, 4 minutes 

Compte tenu de ce programme unique et spécialisé par soirée, les téléspectateurs assistent alors à des émissions que, selon leurs goûts et éducation, ils ne regarderaient pas si un choix leur était donné. Selon le regard que l'on porte, on peut soit juger qu'ils sont prêts à tout gober, soit, à l'inverse, considérer que cette limite est positive puisqu'elle conduit à ouvrir le champ des intérêts.

 

Autre particularité de cette relative disette télévisuelle, les heureux propriétaires de lanternes magiques ont des sujets de conversation tout trouvés sur les lieux de travail et de loisir. Ainsi des événements qui n'en sont pas vraiment prennent soudain une place incroyable. Tel est le cas de l'apparition sans ostentation du dos nu d'une actrice, laquelle séquence contribuera, comme je l'ai évoqué dans une autre chronique, à la création du carré blanc.

 

 

Et pourtant, l'apparition avait été des plus furtives (trois secondes) et, en l'absence de magnétoscope ... "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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