Baby-boomer
Vin
1991 Cachez ce vin
" Le 10 janvier 1991, la loi Evin est promulguée, le «E» de Evin ayant en quelque sorte une valeur privative appliquée à la publicité sans limite des alcools, dont bien entendu le vin.
Auparavant, tout était possible, partout y compris à l'entracte des cinémas projetant des films pour les enfants. Le vin du Postillon était particulièrement présent et créatif proposant historiettes et ritournelles dans l'esprit du temps. Dans l'une de ces séquences, le Postillon allait jusqu'à encourager les «charmantes écolières» à devenir de «bonnes ménagères» sachant «tenir leur maison» grâce au vin du Postillon:
Pour faire de bonnes ménagères,
Bien tenir votre maison,
Il faut charmantes écolières
Le bon vin du Postillon
Des messages prévenant des dangers de l'alcool restaient vagues et anodins:
Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts
Outre que la contenance et le contenu du verre n'étaient pas précisés, on pouvait en déduire qu'avec deux verres engloutis d'affilée, on demeurait dans la «zone de tolérance».
En 1973, le seuil des 16000 morts par accident routier avait été dépassé (44 par jour!).
L'inversion de la tendance avait été réalisée grâce notamment aux limitations de vitesse hors agglomérations et à l'utilisation des ceintures de sécurité. En 1990, on était revenu autour des 10000 morts (27 par jour tout de même et l'on oublie constamment les éclopés à vie). La possibilité donnée aux forces de l'ordre à partir de 1984 de mesurer le taux d'alcoolémie sans attendre un accident corporel avait sans doute constitué une autre source de ce progrès très relatif.
La consommation de vin était en forte baisse depuis trente ans, passant de 130 litres par an et par Français en 1960 à 73,4 litres en 1990, la consommation d'alcool pur ayant baissé dans une proportion comparable. Cette consommation du vin avait évolué qualitativement au détriment des «vins de table»:
- les vins primeurs, dont on a vu une première apparition à Paris en 1965, s'étaient multipliés dans les années 70,
- 1973 avait été l'année du lancement des vins de pays,
- les AOC qui ne représentaient que 10% de la production en 1950 en constituaient le tiers dès 1980.
Et les méthodes des vignerons évoluent aussi :
Le vin était de moins en moins considéré comme un aliment nécessaire pour supporter la dépense physique, la croissance, le maintien de l'intégrité corporelle et la formation de substances de réserve.
C'est dans un tel contexte que la loi Evin va désormais s'appliquer. Elle vise notamment à limiter la propagande ou la publicité en faveur de toutes les boissons alcoolisées, les excluant des cinémas, de la télévision et des revues pour la jeunesse (en 1991, internet n'existe pas …).
La teneur de la publicité doit être informative (pas laudative) et comporter un message sanitaire rappelant les dangers de la consommation d'alcool pour la santé.
Pour juger de l'adhésion des professionnels des alcools à ce message prophylactique, il suffit d'observer le graphisme des affiches concernées, faisant tout pour détourner l'attention du lecteur de ce rappel. Cachez ce message incongru ...
Dans le Loiret, le nombre de déclarants était tombé à 1890 à la fin des années 80, la superficie des vignes à 604 hectares soit grossièrement une division par 4 de ces deux données par rapport à 1965.
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien