• à la première page se disputent les distributeurs d'habillement, des plus classiques comme les Galeries Lafayette, aux plus modernes tel Amazon en passant par La Redoute,

•  à la deuxième page, mêmes acteurs et mêmes produits mais aussi un lien vers wikipedia qu'il faut ouvrir pour apprendre qu'il pourrait aussi s'agir de toute autre chose,

• poursuite à l'identique jusqu'à la septième page où figure un lien sur le journal Libération qui pourrait aussi ouvrir une autre perspective,

• à la neuvième page apparaissent des ceintures rouges distinctives pour la légion, le judo, le karaté et le kung-fu.

Cette constatation d'une focalisation mercantile corrobore celle déjà faite précédemment pour le mot baby-boomer attribué à un vernis à ongles ainsi dénommé (pourquoi ?) et à une supposée «tendance nail art».

Venons-en donc à la ceinture rouge qui nous occupe ici: aussi connue sous l'appellation banlieue rouge, elle désigne l'ensemble des mairies communistes entourant Paris à partir des années 20 (du siècle précédent). La même expression «ceinture rouge» est utilisée en Espagne (pour Madrid et Barcelone) et en Belgique (à Liège).

En banlieue parisienne, la mise en place de ladite ceinture coïncide avec la création du parti communiste dès l’achèvement de la guerre 14-18. Cette poussée est progressive mais forte et durable.

Ivry sur Seine, qui fait figure de capitale de la ceinture rouge, bascule en 1925.

Ivry, capitale de la banlieue rouge, Grand Paris Métropole, 1h 06

Son maire, Georges Marrane, restera en poste jusqu'en 1965. Cette figure un peu oubliée du mouvement deviendra en 1936 président du Conseil Général de la Seine et aura un rôle éminent en matière d'habitat social et d'équipements collectifs à Ivry et au-delà.

En 1945, la ceinture rouge se resserre un peu plus mais, dans ce qui deviendra les Hauts de Seine plus tard, cette implantation ne dure que quelques années pour huit communes dont Clamart, Puteaux et Vanves. La ceinture rouge ne sera jamais hermétique (sur le papier bien entendu).

Globalement le communisme municipal atteindra son apogée dans les années 70 du fait de l'alliance nationale avec le parti socialiste.

En 1977, elle culminera en comprenant :

•  54 villes de la petite couronne,

• 72 villes de la grande couronne.

Ensuite, la ceinture se défera progressivement au rythme de la désindustrialisation et de la réduction corrélative de l'électorat ouvrier.

Municipales : en banlieue parisienne, la ceinture rouge continue de se disloquer, Marianne, 16 3 2020, texte

C'est ce que nous verrons à un demi-siècle de distance en observant la situation de cette capitale de la ceinture:

•  en 1971 au firmament, avec l'inauguration emblématique de la cité Gagarine quelques années auparavant,

• en 2021 au retour à la terre, avec la destruction de ce bloc d'immeubles voué à être remplacé par ce qui est présenté comme la première agro-cité.

 Quels sont les événements qui m'ont décidé à engager la préparation de cette chronique en juin ?

•  la sortie du film Gagarine évoquant la destruction de la cité éponyme d'Ivry,

Gagarine, bande-annonce du film, 5 5 2021, 1 minute 50

• les élections départementales, occasion pour les journalistes parisiens indolents de ressortir ce qui est devenu un marronnier depuis les années quatre-vingt, à savoir le dépérissement de la ceinture rouge.

La ceinture rouge de Paris, Actualités régionales Ile de France, 16 9 1995, 1 minute 20

Sans doute est-il superflu de préciser que cette chronique n'a pas d'autre objet que d'évoquer très partiellement une ceinture rouge dont, en dehors d'Ivry, je n'ai connu lors de mes premières années de travail salarié que Malakoff (comme Ivry toujours «rouge» en 2021) et Levallois-Perret (qui ne l'est plus depuis 1983).  "

Pour écrire cette chronique, outre les sites référencés, j'ai consulté :

Paris / banlieues, Anne Fourcaut et autres, Graphis 2007