"    Le choix de consacrer une chronique à ce mot repose sur deux curiosités que je crois assez partagées par mes contemporains:

• celle de mieux cerner la (ou les) signification(s) du mot,

• celle de déterminer si son succès récent et puissant est lié à une évolution sociétale ou technique (l'objet-même de ces chroniques) et/ou relève d'un simple habillage à la mode et par conséquent «vendeur» en se substituant à d'autres qualificatifs plus adéquats.

L'origine du mot devrait nous renseigner: son origine vient du verbe latin resalire qui signifie littéralement sauter en arrière (qui au sens figuré a donné résilier) et la conséquence fréquente mais pas inéluctable d'un choc brutal de ce saut en arrière qui consiste à rebondir.

J'ai fait connaissance de la résilience, comme beaucoup je pense,en cours de physique à propos de la résistance des matériaux. Dans ce contexte technique, c'est plutôt la première signification qui est considérée puisque l'on mesure la résistance en appliquant un choc à un métal jusqu'à ce qu'il se rompe ou à une matière plastique jusqu'à ce qu'elle subisse une déformation permanente ou une cassure. Cette mesure exprimée en unités de force par unités de surface s'appelle la résilience.

"     Quant à moi, en engageant mes investigations pour cette chronique, j'avais entendu et vu (mais pas lu) le psychanalyste Boris Cyrulnik appliquer la résilience au comportement humain individuel selon la seconde signification à partir des années 90. Faute de mieux, j'assimilais cette résilience-là à une forme de résistance, celle nos Résistants de la deuxième guerre mondiale, résistance qui ne consistait pas uniquement à résister au sens strict mais aussi le cas échéant à attaquer délibérément et en s'y étant préparés.

Au terme de ma prise de connaissances, j'ai décidé de structurer cette chronique en trois parties:

• 1952 Rarissime aptitude: quand André Maurois, dans Lélia, applique à un trait de caractère de Georges Sand  le terme de résilient (apparemment aucune autre citation par des écrivains avant le déferlement),

• 1999 Itinéraires bis: quand Boris Cyrulnik publie sur le sujet «Un merveilleux malheur» et qu'à titre professionnel, je suis chargé d'un grand projet de résilience que personne n'appelle alors ainsi: le passage à l'an 2000,

• 2023 Résilience, résiliences …: quand la résilience est mise à toutes les sauces depuis le début du millénaire et que je m'efforce d'y voir – au moins un peu – plus clair et de séparer le bon grain de l'ivraie.  "

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Pour composer cette chronique, j'ai compulsé les ouvrages suivants : 

Lélia ou la vie de Georges Sand, André Maurois, Hachette 1968 (Georges Sand qualifiée de résiliente à la page 469)

Manager la continuité des services, Véronique Naly Demachy, CNPP 2018

La réparation volontaire, Corinne Tanay, Grasset, 2019

Le désamour – De la maltraitance à la résilience, Leïla Zaoui, Michalon 2016

Résilience et personnes âgées, Louis Ploton et Boris Cyrulnik, Odile Jacob 2014

 Plaidoyer pour une dimension psychologique et spirituelle de la retraite - Résilience et sagesse au fil des ans, Philippe Maire, Jouvence Société 2021

France-Algérie – Résilience et réconciliation en Méditerranée,Boris Cyrulnik et Boualem Sansal, Odile Jacob 2020

Dessine-moi un trauma – Trouver la voie de la résilience après le Bataclan, Armelle Vautrot et Fred Dewilde, La boîte à Pandore 2020

 La résilience, Serge Tisseron, PUF Que sais-je? 2021

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

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