Bois

"    En quoi le mot bois connu depuis des millénaires peut-il révéler des transformations significatives durant la courte «période baby-boomer»? C'est la question à laquelle j'ai voulu apporter quelques réponses dans cette chronique.

 

Les vestiges les plus anciens du bois travaillé remontent à 3000 ans avant JC et ils révèlent des usages diversifiés dont certains demeurent aujourd'hui tandis que d'autres ont disparu ou considérablement diminué:

  1. façonner des armes pour la chasse,

  2. s'abriter,
  3. éloigner par le feu les bêtes sauvages,

  4. assurer la cuisson des aliments,

  5. se chauffer.

Cuisinière ancienne fonctionnant au bois

Dans les campagnes normandes de mon enfance, ces deux derniers usages étaient encore exclusivement assurés par le bois. Les pièces de la maison bourgeoise de la cousine du Locheur (Calvados) étaient pourvues de cheminées ouvertes (comme l'on ne disait pas alors car on n'imaginait pas d'en faire un spectacle sous verre) tandis que dans la modeste ferme du Boulay (Orne) trônait une énorme cuisinière à bois dans la pièce à vivre, cuisinière qui chauffait les deux autres pièces en enfilade de la bâtisse.

 

Si les constructions en bois s'étaient éclipsées à partir de la fin du Moyen Age, le bois était encore très présent dans l'immeuble Haussmannien dans lequel mes parents résidaient. Masqué par des façades monumentales en pierres, le bois était utilisé tant pour la structure du bâtiment que pour le second œuvre (escaliers, lambris, portes et fenêtres …). A Paris en revanche, pour le chauffage, anthracite et boulets de charbon se substituaient au bois.

 

Salle à manger Henri II

L'ameublement en bois avait évolué au fil des siècles qui avaient précédé avec la création de styles régionaux et de mobiliers de prestige. A la fin du 19ème siècle, l'industrialisation avait conduit à la fabrication de meubles en série, dont les fameuses salles à manger Henri II qui s'étaient répandues dans toute la France jusqu'à la guerre qui avait précédé ma naissance.

 

Dans les années 50, ces meubles étaient passés de mode et mes parents n'avaient eu que l'embarras du choix dans une brocante de Caen pour faire livrer une salle à manger Henri II qui allait meubler la maison d'Evrecy reconstruite quinze ans après le bombardement allié de 1944 qui avait ravagé le village.

 

Comme nous allons le voir, l'histoire du bois ne s'arrête pas durant les décennies qui ont suivi la guerre. Il s'agit d'une évolution lente sans que l'on puisse identifier des années particulières significatives de ces changements. Aussi ai-je arbitrairement choisi deux années à six décennies de distance:

  • 1957 Objets perdus, pour un recensement des objets que le bois a déserté, le plus souvent au profit de la matière plastique, ou que l'évolution technique ou sociétale ont fait disparaître,

  • 2017 pour des usages nouveaux du bois essentiellement pour la construction d'immeubles et pour la confection d'objets de tous ordres en impression 3D.   "

 

Pour écrire cette chronique, j'ai compulsé les ouvrages suivants :

Les hommes et le bois, Michel Noël et Aimé Bocquet, Hachette 1987

L’homme et le bois, Lars Mytting, Gaïa 2019

 

Se chauffer autrement, Romain Claret et Jean-Michel Groult, Ulmer 2008

 

Le grand livre de l’impression 3D, Mathilde Berchon, Eyrolles 2020

Bâtir écologique-Chronique d’une construction en bois, Emmanuel Carcano, Terre vivante 2009

 

 

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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