Sanatorium

Malades allongées sur une terrasse

"Le terme de sanatorium apparaît au milieu du 19ème siècle quasi simultanément à celui de tuberculose.

 

Le sanatorium est un «établissement hygiénique» (terme encore utilisé dans l'édition 1952 du Petit Larousse) constitue une première tentative de thérapeutique appliquée à une maladie connue depuis des siècles sous les appellations de phtisie, de consomption et de peste blanche.

 

Longtemps la science est démunie. Il est ainsi surprenant d'apprendre que le savant René Laënnec, inventeur du stéthoscope et découvreur de la transmissibilité de la tuberculose, en était réduit au début du 19ème siècle à prôner des «remèdes de bonnes femmes»: «... que soient placés sous le lit du phtisique des baquets remplis de varech venu des plages bretonnes qui lui apporteront un peu de «bon air» de son pays natal».

Faute de remèdes médicaux identifiés, le sanatorium impose trois disciplines de vie:

  • «prendre des forces» en mangeant sainement mais aussi copieusement,
  •  se ménager, c'est-à-dire éviter les efforts, la position couchée étant privilégiée,
  • respirer un «bon air», d’où une incidence quant à l'implantation des établissements.

La découverte par Robert Koch du germe contagieux responsable de la maladie en 1882 et, de ce fait, la prescription d'isolement des patients renforcent la justification de la construction de sanatoriums.

Timbre anti-tuberculeux sur le BCG

Treize ans plus tard, la technique des rayons X mise au point par Wilhelm Röntgen permet de visualiser les atteintes et d'affiner le diagnostic. Mais, dans les décennies qui suivent, les progrès sont lents. Le vaccin bilié d'Albert Calmette et de Camille Guérin (le BCG) est mis au point en 1920 mais ne sera rendu obligatoire en France que dans les années cinquante.

Ainsi, avec 100 000 à 150 000 décès par an en France en 1900, la tuberculose est le premier facteur de mortalité devant la syphilis et le cancer. En 1945, on dénombrera encore 42 000 victimes.

Les sanatoriums ont sans doute contribué à cette diminution du fait de l'isolement réduisant les cas de contagion mais aussi par l'accueil des malades dans un habitat sain. Une étude comparative conduite à Paris entre 1912 et 1916 a en effet permis d'établir une relation entre l'aisance sociale et la survenance de la maladie:

  • moins de 100 décès pour 100 000 habitants dans le huitième arrondissement (Élysée),
  • plus de 500 dans le vingtième arrondissement (Ménilmontant).

La France qui, contrairement aux pays voisins ou économiquement comparables, n'a ouvert ses premiers sanatoriums qu'avec le début du vingtième siècle, se dote dans les années vingt-trente d'un parc d'«établissements hygiéniques» de grandes dimensions le plus souvent dans des zones de montagne (prendre le «bon air»), isolés ou exclusivement dédiés au traitement de la maladie (éviter la contagion).

 

Au sortir de la guerre 1939-1945, la découverte des antibiotiques et plus spécialement de la streptomycine par Selman Waksman constituera le remède radical et conduira – mais très lentement- à l'abandon des longues cures de «bed rest», forme d'hibernation prolongée.

 

Cependant, sur la lancée tardive des constructions engagées avant guerre, des sanatoriums continueront à être inaugurés jusque dans les années soixante, caduques et voués à une problématique reconversion dès leur ouverture.

  • Ce sera la première étape de mon évocation, en 1960, évocation nourrie des récits familiaux et de mon modeste vécu (les vaccins, la vente des timbres antituberculeux …).
  • 1975 constituera le deuxième arrêt avec la découverte à proximité du terrain que nous venons d'acquérir dans le Loiret d'un sanatorium de très basse montagne (une centaine de mètres d'altitude) caractéristique des premiers établissements édifiés (celui-ci avait été ouvert en 1902).
  • 2016 enfin: la tuberculose n'est plus au hit-parade des causes de mortalité en France (dans le monde, c'est bien différent) et les sanatoriums ont perdu la raison d'être qu'ils ont eue au mieux durant quelques dizaines d'années. Nous examinerons leur sort: friches ou réfections. "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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