Limonade

Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont
Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont

" « On n’entend plus jamais le mot limonade ».

 

J’entends cette phrase en 2013 lors de la diffusion du film « La maman et la putain » en hommage à la comédienne Bernadette Lafont qui vient de disparaître. Ma surprise tient au fait que le film date de 1973 et que, enfant buveur de limonade dans les années cinquante, je m’aperçois que cette boisson avait déjà perdu la faveur du public moins de vingt ans plus tard."

 

"Cela a aiguisé ma curiosité et je me suis documenté sur le passé de la limonade que j’avais connue et sur ce qu’elle est aujourd’hui (en 2013) devenue."

Affiche publicitaire pour la limonade et la bière Dumesnil

"J’ai ainsi appris que ce breuvage d’origine italienne composé d’eau gazeuse, de sucre et de jus de citron avait été élevé au rang de médication lors de l’épidémie de choléra qui avait sévi en 1832, les gaz étant réputés avoir un effet positif sur le plan microbiologique. A la fin du 19ème siècle, les pouvoirs publics l’avaient également promue dans le cadre de la lutte contre l’alcoolisme, un champagne sans alcool en quelque sorte …

Avant de devenir la boisson-récompense des enfants du baby-boom, la limonade avait donc été une boisson d’intérêt public pour tous les âges.

J’ai également appris que, tombée en disgrâce en 1973, elle avait retrouvé une certaine audience autour du changement de millénaire. Arborant orgueilleusement son identité, elle se présentait dorénavant comme un produit de niche, presque de luxe, en arguant de son origine française pour mieux se vendre hors des frontières. Elle guignait ainsi la place du verre de vin rouge pour accompagner la baguette et le saucisson sec."

 

Limonade au chocolat ...
Limonade au chocolat ...

"Cependant, pour complaire aux acheteurs étrangers, le liquide historiquement clair et transparent, devait devenir trouble car c’est seulement à cette condition qu’américains, chinois et japonais s’enthousiasmaient pour la couleur locale française.

La limonade, dont la forte teneur en sucre était l’une des trois caractéristiques discriminantes, pouvait désormais se targuer d’être « sans sucre». Au parfum citronné, autre caractéristique, les producteurs se vantaient désormais d’avoir substitué une large gamme de goûts tout pareils à ceux des sodas. Un entrepreneur innovant proposait même une limonade au chocolat.

 

De nouveau, on entendait le mot limonade mais s’agissait-il du produit que l’on avait oublié en 1973 ?"

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien