Feux de voitures

Arrière d'une 2CV Citroën du début des années cinquante
Arrière d'une 2CV Citroën du début des années cinquante

" Les voitures du début du vingt et unième siècle sont bien différentes de celles du milieu du vingtième siècle. C'est vrai de beaucoup de caractéristiques et très clairement, si j'ose dire, des lumières dont elles sont dotées, que celles-ci servent à l'éclairage ou à la signalisation à destination des autres véhicules.

On ne peut évaluer la part prise par ces progrès dans l'amélioration des conditions de sécurité routière mais il est néanmoins évident que l'équipement minimaliste des véhicules du temps passé constituait pour le moins un facteur aggravant.

Image avec légende d'un cycliste la nuit
Même prescription de la prévention routière pour le cycliste et pour l'automobiliste : un catadioptre et un feu rouge

Je demeure sidéré par l'accoutumance collective à l'hécatombe routière qui perdure (près de dix morts par jour en France et combien de blessés?, combien de personnes handicapées à vie?).

 

Cependant, cette catastrophe automobile (on évoque bien des catastrophes aériennes ou ferroviaires, pourquoi pas automobiles quand le nombre de victimes est incommensurablement plus élevé?), est sensiblement moins meurtrière qu'elle ne l'était dans les années cinquante. En 1953, on dénombrait 8634 morts soit à peu près deux fois et demi le nombre enregistré en 2015. Il n'y avait alors que de l'ordre du 2 310 000 véhicules en circulation contre 38 408 000 en 2015.

 

Si l'on fait l'hypothèse d'une relation entre le nombre d'acteurs et le nombre de victimes (raisonnement contestable à la marge mais pas fondamentalement fallacieux), un statu quo en matière de sécurité routière nous aurait conduit à environ 380 morts par jour.

 

Références sur lesquelles repose ce calcul :

 

Quel début d'explication donner à ce carnage? Dans les années 50, la voiture demeure un objet rare et coûteux. Selon Jean-François Sirinelli dans son livre «Génération sans pareille» seulement 22% des ménages en étaient dotés en 1955 (dans l'immense majorité, un seul véhicule fréquemment étriqué). En 1970, Roland Barthes dans son ouvrage «Mythologies» évoque encore «un objet parfaitement magique pour un peuple entier».

Simca Aronde 1954 ornementée
Simca Aronde 1954 ornementée

Alors, les heureux propriétaires bichonnent leurs acquisitions. C'est la grande époque de la nénette, un chiffon monté sur un manche servant à enlever la poussière et à lustrer la carrosserie. Ils les dotent de maintes enjolivures telles que des pneus à flancs blancs, des housses, des joncs chromés en abondance, des sabots d'ailes, d’inquiétantes figures de proues propres à harponner les piétons importuns...

 

Dans cet arsenal d'ornements, peu de place est laissée à des feux de voitures susceptibles de compléter utilement un équipement de base d'autant plus riquiqui que l'auto est modeste, ce dans un contexte ou la réglementation n'impose pas grand chose.

 

L'équipement obligatoire se complète peu à peu à partir de la révision du code de la route de juillet 1954 (la version abrogée datant d'octobre 1939).

 

Les étapes de cette évolution feront l'objet de ma chronique, chronique dont la rédaction a été difficile car si le code de la route actuel est aisément accessible, il n'en va pas de même de l'historique de ses changements.

 

J'ai toutefois été aidé par le grand intérêt que j'ai porté à l'automobile durant mon enfance dans les années cinquante et par quelques revues spécialisées retrouvées dans les «archives familiales».

Le lecteur qui détecterait une erreur serait bienvenu de m'en faire part car je ne tiens pas à ajouter ma contribution aux erreurs assez nombreuses véhiculées sur internet à ce sujet. "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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