Carte perforée

Jeux de cartes perforées tenues à la main

"La carte perforée, support aujourd’hui délaissé et partant de plus en plus ignoré, était dans les années soixante, à mon entrée dans la vie professionnelle, un symbole de modernité par l'usage qu'en faisaient la mécanographie et l'informatique ainsi dénommée en 1962. Cartes perforées et ordinateurs, éléments alors indissociables, après avoir été l'apanage des laboratoires et des grandes entreprises, se répandaient dans les petits et moyens établissements.

Pour autant, le principe consistant à ordonnancer des opérations à l'aide de supports perforés était ancien, pour la production de musique d'abord avec les orgues de Barbarie (1728) puis pour le tissage avec les métiers Jacquard (1800).

Le dix-neuvième siècle avait vu naître la mécanographie magnifiée par le recensement américain sous la houlette de Hermann Hollerith en 1890. La mécanographie avec ses ateliers de perforation de cartes s'était implantée dans les grands organismes dans la première moitié du vingtième siècle. En 1930, le télex et ses rubans perforés qui permettaient la transmission instantanée de messages écrits à distance préfigurait le courrier électronique.

Dans la seconde moitié du 20ème siècle apparaissaient les ordinateurs qui prenaient vraiment leur envol avec la fabrication des circuits intégrés de transistors en 1963 (troisième génération) précédés de peu des premiers langages de programmation évolués, FORTRAN en 1957, COBOL en 1960.

Traitement des cartes sur IRIS 50
Traitement des cartes sur IRIS 50

Les cartes perforées demeuraient cependant les supports privilégiés. Même, le «bas de gamme» des fameux ordinateurs IBM 360 de troisième génération en 1965, l'IBM 360/20, utilisait exclusivement les cartes perforées. Un reportage consacré en 1968 à l'IRIS 50, premier ordinateur français produit par la CII dans le cadre du Plan Calcul, s'achève sur l'impressionnante absorption à grande vitesse de piles de cartes perforées.

Ainsi, les cartes perforées jouaient en quelque sorte le rôle de passeurs de la mécanographie à l'informatique.

Cependant, le sort des cartes perforées allait très vite être scellé, à l'image de l'évolution rapide de l'informatique dans la décennie soixante-dix. Ainsi que l'écrit Jean-Yvon Birrien: «Par sa richesse en inventions et découvertes, 1968-1977 constitue peut-être la période la plus faste pour le développement de l'informatique» .

C'est dans cette période que je positionnerai mes deux années-repères en utilisant comme à l'accoutumée mon témoignage personnel:

  • 1969: la carte perforée demeure le vecteur essentiel de l'essor de l'informatique. Cartes perforées et ordinateurs ont successivement pénétré les deux entreprises (petite et moyenne) dans lesquelles je viens de commencer mon parcours professionnel;

Terminal 3270 IBM
  • 1979: le règne de la carte perforée s'achève. Les utilisateurs et les programmeurs utilisent désormais de plus en plus des terminaux, gros téléviseurs noir et blanc (plutôt dans des nuances de vert d'ailleurs) associés à des claviers, et les opératrices de saisie sur cartes sont recyclées vers des postes moins répétitifs."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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