Reconstruction

Tour Perret à Amiens
Tour Perret à Amiens

 

"Alors que les ouvrages sur la reconstruction consécutive à la deuxième guerre mondiale consacrent une large place à l'architecture des villes et aux diverses conceptions de leurs architectes respectifs, la reconstruction des villages et la prise en compte de l'avis des habitants, in fine premiers concernés, sont largement méconnus.

 

J'ai pu faire le même constat en assistant début 2016 à un cycle de conférences données par Joseph Abram.

 

Conférence donnée par Danièle Voldman sur le thème proche de son livre "la reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954" à la cité de l'architecture et du patrimoine - non daté - 1h39

Evrecy après le bombardement
Evrecy après le bombardement

 

Mon témoignage sera à l'évidence infiniment plus modeste et parcellaire que les analyses approfondies de ces spécialistes. Il sera celui d'un enfant ayant vécu cette période dans une région particulièrement meurtrie par les bombardements alliés de 1944: Caen et la «plaine de Caen» à l'ouest de la ville.

 

En fait, il portera plus particulièrement sur deux villages, l'un au cœur d'une zone ravagée et néanmoins largement épargné, l'autre ayant eu le triste privilège de compter le plus fort pourcentage de victimes civiles et quasiment rasé intégralement.

 

Ma mère était native du village-martyr et, très jeune enfant, nous passions des vacances chez une cousine résidant dans cet autre village resté à l'écart du cataclysme.

 Ce sont ces aspects que je souhaite aborder ici.

 

Avant de le faire, il est nécessaire de rappeler succinctement le contexte:

 

  • les destructions accumulées entre 1940 et 1944 ont laissé 1 900 000 immeubles endommagés, 460 000 détruits, 60 000 établissements industriels anéantis,

  • la reconstruction s'est opérée d'une manière dirigiste, conduite par un ministère de la reconstruction et de l'urbanisme (MRU) arrêtant le choix des architectes et les grandes lignes des projets;

  • les destructions sont survenues alors qu'il y avait déjà une pénurie de logements et dans un contexte de forte natalité (le baby-boom). Cela a imposé des urgences (les baraquements) et des choix de construction (notamment, les barres d'immeubles vite édifiées);

  • la concomitance de la reconstruction et d'une période de dynamisme économique et de profonde transformation (les «trente glorieuses»).

 

Joseph Abram indique ainsi qu'en trois décennies le parc de logements français a augmenté de moitié.

J'évoquerai deux périodes de mon enfance:

 

  • au tout début des années cinquante, les images furtives de Caen et des villages alentour. Plus particulièrement, celles du hameau du Locheur peu touché par les bombardements au cœur d'une région ou tout était à reconstruire;

  • à la fin des années cinquante, lorsque mes parents prennent possession d'une maison «dommage de guerre» dans le village-martyr d'Evrecy."

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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