Edicule

Cabine téléphonique en milieu rural

"Le terme d'édicule est ici pris au sens de «petite construction édifiée sur la voie publique» (Le Petit Robert), une acception qui apparaît avec le développement des équipements de voirie de l'urbanisme Haussmannien et qui s'ajoute à celle de «petit temple, chapelle ou dépendance d'un édifice religieux»

A partir des années soixante, le terme d'édicule n'a plus guère été utilisé, les «petites constructions édifiées sur la voie publique» ayant été incluses dans la catégorie attrape-tout du «mobilier urbain».

Abri-bus en rase campagne

 

S'agissant des édicules, l'intégration dans cette catégorie est contestable car ces constructions légères offrent un abri, même s'il est précaire, et leur destination n'est pas seulement urbaine: qui n'a jamais vu des abri-bus et des cabines téléphoniques dans des décors champêtres ?

L'appellation de «petit immobilier» aurait donc été plus appropriée.

Pèse-personne sur la voie publique

Qu'il s'agisse du «petit immobilier» ou du mobilier plus ou moins urbain, l'évolution de ces équipements dans le temps, est intéressante à examiner car elle rend compte «en creux» des changements survenus dans la société.

 

Avant d'examiner quelques édicules particuliers, on citera brièvement trois illustrations de cette évolution touchant au mobilier urbain:

  • les pèse-personnes avec leur cadran circulaire grillagé à hauteur du regard que l'on rencontrait dans les jardins publics ont été emportés par la large diffusion des balances de salles de bains sur lesquelles notre poids se lit à la pointe de nos pieds grâce à un petit écran doté d'une loupe;
  • les téléphones qui équipaient les «têtes de station» les plus fréquentées par les taxis parisiens ont perdu leur raison d'être avec le «radio-guidage embarqué»;
Fontaine Wallace avenue des Gobelins
  • les fontaines Wallace, destinées à l'origine à garantir la distribution d'une eau potable, se sont raréfiées quand les taudis parisiens (il en existait dans les années cinquante) ont été éradiqués. Peintes de couleurs affriolantes, celles qui subsistent ne conservent qu'une fonction décoratrice.

Autre signe des temps, la grande vogue des euphémismes n'a pas épargné le mobilier urbain: les malodorantes pissotières ou vespasiennes collectives réservées aux hommes ont été remplacées par des cahutes individuelles asexuées qui répondent désormais au doux nom de sanisettes (et canisettes pour la gente canine) tandis que les corbeilles à papier devenaient des «bornes de propreté».

Cahute du métro parisien
Plus de chef de station dans cet édicule-là

Dans cette chronique, j'évoquerai quatre édicules illustrant des évolutions dans différents domaines :

  • les cabines téléphoniques de rues inaugurées en 1955 qui sont aujourd'hui en passe d'être supplantées par la large pénétration des téléphones portables,
  • les marchandes de quatre saisons dont les charrettes à bras stationnaient tout le jour au marché Mouffetard et dont la disparition tient plus à l'accroissement considérable de la circulation automobile parisienne qu'au transfert des Halles à l'extérieur de la capitale qui leur porta le coup de grâce en 1969,
  • les abri-bus dont la diffusion a été portée dans les années soixante par une réglementation plus stricte des affichages muraux (disparition notamment des publicités peintes sur les pignons des maisons),
  • enfin les barnums dédiés à la vente des quotidiens du soir, victimes de la baisse d'intérêt pour des informations «brutes» que l'on trouve maintenant en images toutes fraîches à la télévision et sur internet."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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