Souvenir touristique

" Il nous faut tout d'abord distinguer l'objet qui évoque un lieu supposé visité par un touriste du souvenir proprement dit que l'on conserve plus ou moins longtemps et plus ou moins flou dans un coin de sa mémoire.

Le souvenir qui nous intéresse ici est l'objet évocateur qu'il soit une sorte de mémoire auxiliaire du touriste ou une attestation de visite pour ceux à qui il est offert (ou seulement montré).

Au nombre de ces objets, il y a ceux que l'on se fabrique: les photos, les films et les journaux de voyages. Je ne les ai pas inclus dans cette chronique, m'en tenant aux seuls objets commercialisés, cartes postales exceptées.

On ne peut évidemment pas ignorer l'évolution quantitative du tourisme durant cette période. Sur internet et dans des ouvrages, on trouve des données disparates, parfois différentes mais toutes confirment un accroissement considérable du nombre de touristes:

  •  en 2015, on a dénombré en France la venue de 84,5 millions d'étrangers contre moins de 20 millions au milieu des années cinquante (on compte en juillet sur 89 millions en 2017),
  • le taux de départ en vacances des Français est passé de 20% en 1950 à 31% en 1958 pour atteindre 67% en 2016 (avec évidemment une forte disparité selon les revenus),

  • il y avait dans le monde 70 millions de touristes en 1960. On en a dénombré 1 milliard 138 millions en 2014.

Les raisons de cette envolée sont connues:

  • l'élévation du niveau de vie et corrélativement l'accroissement du parc automobile, la démocratisation du transport aérien,

  • l'allongement de la durée des congés particulièrement en France (deux semaines jusqu'en 1956),

  • l'extension du tourisme à des pays nouveaux pour des raisons politiques (disparition du «bloc soviétique») ou économiques (la Chine notamment).

 

De ce fait, le marché du souvenir touristique ne peut que prospérer même si ce n'est peut-être pas en proportion de l'augmentation de ses clients potentiels (?).

Le nombre de commerces de souvenirs touristiques ne me semble pas avoir subi la même courbe de croissance que celle des touristes mais, en l'absence, à ma connaissance, d'analyses sérieuses portant sur ce sujet, on ne peut qu'en rester au stade des supputations.

 

J'ai arbitrairement choisi deux années éloignées pour cette chronique:

  • 1958, année de mon premier voyage à l'étranger à l'occasion de l'exposition universelle de Bruxelles,

  • 2017, année d'écriture de cette chronique à l'issue d'un voyage en Sicile qui a éveillé mon intérêt pour ce sujet.

 

On notera que, ce faisant, je traite la période d'apparition du tourisme de masse puisque, contrairement à ce qui est souvent affirmé, la création des congés payés en 1936 n'avait pas eu un effet sensible, le nombre de vacanciers, stagnant jusqu'en 1939 autour de 2 millions tandis qu'il atteignait déjà 7 millions en 1951 et que sa croissance se poursuivrait au rythme que je viens d'exposer.

Un seul reportage et aucun livre spécifiquement consacré aux souvenirs touristiques. Pour compléter mon information, j'ai consulté les ouvrages suivants sur le tourisme :

 

Histoire du tourisme de masse, Marc Boyer, PUF Que sais-je ? 1999

L'invention du tourisme, Marc Boyer, Découvertes Gallimard 1996

La planète dIsneylandisée, Sylvie Brunel, Sciences humaines Éditions 2006

Sacrées vacances, Ted Stanger, Flammarion 2010

Le tourisme culturel, Claude Origet du Cluzeau, PUF Que sais-je ? 1998

Tourisme et patrimoine, Valéry Paton, La documentation Française 1997

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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