Eau

Une femme prenant de l'eau à la fontaine
La corvée d'eau à Nogentel (Picardie) en 1952 - document INA extrait d'un documentaire sur le télé-club de Nogentel

"Le rapport que les Français entretiennent avec l’eau s’est inversé durant les soixante années écoulées. Après la guerre, l’ « eau du robinet » constituait un liquide « à consommer avec modération ». D’abord pour l’évidente raison qu’il n’y avait pas partout de robinets dans les domiciles, que puits et fontaines constituaient encore fréquemment des lieux d’approvisionnement dans les zones rurales . Ensuite parce qu’il arrivait que les robinets s’abstiennent de laisser s’écouler le moindre filet d’eau dès qu’un épisode de sécheresse survenait ou qu’un afflux d’estivants mettait à sec les réserves."

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"L’importance de l’eau était confortée par les multiples travaux tantôt modestes (adductions, pompages, stations de décantation et d’épuration …) tantôt dantesques (canaux barrages …) engagés tant pour permettre l’alimentation des robinets en eau potable que pour assurer l’irrigation des cultures et la production d’électricité."

"Résultat de ces efforts : à la fin des années soixante, la plupart des foyers disposaient de l’eau courante. Petit à petit s’instaura ainsi l’idée que la pénurie de l’eau avait été vaincue par le progrès. Cette disponibilité sans plus de restriction conduisit même certains à prétendre que l’eau étant une ressource naturelle, elle était en quelque sorte un dû et devait à ce titre être gratuite. Ainsi Vandana Shiva pouvait-elle écrire en 2003 : « le marché de l’eau est une chose absurde : il s’agit de revendre aux gens l’eau qui leur appartient au départ.»"

René Dumont arborant son verre d'eau

"En 1974, René Dumont, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle fit de la pénurie mondiale de l’eau l’un de ses thèmes majeurs, terminant chacune de ses interventions en ingérant ostensiblement un verre d’eau. Son score (1,32 %) suffit à démontrer l’audience qu’il suscita."

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"Il est bien entendu artificiel de s’arrêter à des années précises sur une situation aussi insidieusement évolutive. Pour évoquer ce thème en ayant recours à mes souvenirs et jugements personnels, j’ai néanmoins opté pour deux années et pour une région à laquelle je demeure attaché, le grand Luberon :

• 1967 : je découvre un village, Reillanne, dans lequel les difficultés d’approvisionnement viennent, comme dans beaucoup d’autres localités en France, de s’estomper ;

• 2005 : année de grande sécheresse durant laquelle les restrictions d’eau restent mesurées tandis que des incendies dévastent les contrées avoisinantes de ce village."

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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