Autocollants

1969 Adhésion militante

Mention eu
L'original était en majuscules

" Le premier cas d'adhésion militante qui me vienne à l'esprit est celui d'une connaissance très engagée sur le thème de la création d'une Europe politique. C'était en 1964. L’Europe ne comptait que six pays et la Grande Bretagne n'en faisait pas encore partie. Ce militant, plein d'éloquence sur le sujet, avait fait adhérer sur le capot-moteur à l'arrière de sa Dauphine une mention EU en noir sur fond blanc d'un ovale identique à celui du F national.

 

Un autocollant s'appose aisément mais soit est décollé par le propriétaire suivant qui ne partage pas les mêmes attaches, soit accompagne la voiture à la casse. Dans les deux cas, il est donc voué à la destruction et ceci explique que je n'aie pas trouvé sur internet un emblème de cette forme-là. Il a été depuis lors remplacé par le drapeau européen qui trône désormais sur les plaques d'immatriculation à l'arrière comme à l'avant.

 

Le sigle BZH, également apparu dans les années 60, emprunte pareillement sa forme ovale au F national. Les autorités prennent au sérieux cette adhésion et, le 13 juillet 1967, le directeur d'une revue bretonne est poursuivi pour avoir refusé de décoller le macaron, potentielle marque de sédition. Le tribunal de Vannes ayant jugé illégal l'arrêté préfectoral sur lequel s'appuyait cette poursuite, le Ministre de l'équipement prend le 7 août un nouvel arrêté prohibant le sigle au plan national.

 

Même si ce sigle ne permettait pas de déduire des convictions radicales de tous ceux qui l'avaient apposé, il n'en demeure pas moins que les manifestations et les attentats, en Bretagne et jusqu'au château de Versailles, se poursuivraient encore jusque dans les années 70 ainsi qu'en témoignent les archives de l'INA.

Les motifs de frustration dont l'origine était attribuée au pouvoir central étaient nombreux: on évoque aux «actualités françaises» une Jacquerie bretonne en 1961 et le guide bleu décrit dans son édition de 2011 une situation peu enviable sous le titre «Jusqu'aux années 50, une région archaïque». 

Dans ce contexte, les ingérences extérieures n'arrangent rien qu'il s'agisse des implantations nucléaires (la décision d'implanter une centrale à Plogoff sera démentie en 1981 après bon nombre de manifestations) ou des marées noires à répétition.

Sans prétendre conquérir le pouvoir par les urnes, les tenants des thèses prônant une prise en mains du destin breton par les Bretons restent d'autant plus audibles que le Président en 1967 se déclare indépendantiste … ailleurs.

Ronan Caerleon, écrivain fédéraliste, termine un de ses ouvrages par la remarque suivante: «A l'heure ou le «Président décolonisateur» clame à la face du monde «Vive le Québec libre», qui pourrait désormais s'indigner des revendications bretonnes? ...».

 

A en juger par les apparences, en 2018, les mouvements portant ces revendications ont perdu de leur force et de leur audience (le guide bleu précité ne les évoque même pas dans son rappel historique) et le sigle BZH semble être désormais limité à une fonction de différenciateur commercial que ce soit dans les brochures des offices de tourisme rayon spécialités et curiosités régionales ou dans les appellations des marques. Ainsi de ces publicités remarquées dans la ville close de Concarneau pour les bières bretonnes et pour des textiles avec le slogan badin «A l'aise Breizh» et la cocasse figurine qui lui est associée. Et, au vu de mes pérégrinations de septembre, le BZH remplaçant le F sur les plaques d'immatriculations européennes ne semble pas jouir de la même diffusion que celle de son ascendant ovale des années 60.

Autocollants figurines "A l'aise Breizh", Site le drapeau breton

 

 

Autre illustration d'un autocollant affirmant un attachement à un lieu de vie en l'occurrence perdu : celle du sigle «pieds noirs» pour les Français rapatriés après l'indépendance de l'Algérie, à partir de 1962 par conséquent.

 

Dernière illustration d'autocollant militant: «Nucléaire, non merci». Celui-ci apparaît un peu plus tard, au milieu des années 70. Il se décline sous forme de banderoles, de maillots de corps et d'autocollants. Celui dont je garde un souvenir précis était apposé loin de la Bretagne sur la voiture de vacanciers voisins dans les Landes en 1979.

 

Ces quatre exemples démentent une apparition des «stickers militants» dans les années 80.

 

Parmi les modèles proposés à la vente en 2018, seul celui des opposants au nouvel aéroport de Nantes me semble avoir trouvé une clientèle significative.

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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