Bièvre

1958 Cours privés

"     Clés nécessaires à l'interprétation de ce titre:

  •  le cours dont il s'agit ici est bien entendu le cours d'eau de la Bièvre,
  • le pluriel trouve son explication dans le caractère multiple et de ce fait difficilement saisissable de ce cours d'eau puisqu'il n'existe pas un lit mais des lits de la Bièvre qui forment des ruisselets qui se dispersent et se déplacent lors des inondations.

La Bièvre à découvert  rue Moret

De plus, des dérivations vers des biefs permettant l'alimentation de moulins à eau accentuent la fantaisie de certains écarts,

Sur les multiples cours de la Bièvre, un texte de ArcueilHistoire

  • ces cours sont privés à deux titres: privés du soleil et de l'air libre depuis 1912, leurs berges et leur curage étaient auparavant sous la responsabilité des riverains, lesquels,ainsi qu'on le constate sur les premières photographies, abusaient de cette disposition en obstruant le passage de leurs productions souvent polluantes.

 

Conseil de lecture pour la suite : les photographies illustrent les textes qui précédent chaque étape et les complètent

Le cours de la Bièvre

Première étape

Notre périple commencera boulevard Auguste-Blanqui, un large boulevard qui va de la place d'Italie à la place Denfert-Rochereau et qui est en partie surmonté par un viaduc en son terre-plein central, viaduc sur lequel évoluent les rames de la ligne 6 du métropolitain. Au départ de la station place d'Italie, à mi-chemin entre la station Corvisart et la station Glacière, une arche sensiblement plus volumineuse marque le passage de la Bièvre, du moins de l'un de ses cours puisque la station Glacière, plus loin, tient son nom d'une vaste étendue marécageuse alimentée par un autre cours dont on extrayait la glace à la saison froide.

Le périmètre de la Glacière, copieusement remblayé, avait été rapidement parsemé de bicoques et, qualifié d'îlot d'insalubrité après la guerre 39-45, était promis à la rénovation dans les années 60.

Etait-ce pour tirer parti de la Bièvre que la Brasserie de Lutèce avait été implantée en 1910 (abandon des lieux en 1970) à l'angle de la rue de la Glacière et du boulevard Auguste Blanqui?

 

La deuxième étape nous conduit rue des Cordelières, dans ce qui est alors une annexe du lycée Montaigne et deviendra le lycée Rodin. En 1953, le Conseil Municipal a acquis le terrain alors occupé par d'anciennes tanneries qui utilisaient l'eau de la Bièvre. Il fut d'abord question d'étendre le square René Le Gall (souvent dénommé Croulebarbe) puis, sans doute pour répondre à la poussée démographique du baby-boom, d'y implanter rapidement des préfabriqués dans lesquels je devais «faire» ma sixième et ma cinquième. Jacques Borel, qui obtiendrait plus tard le prix Goncourt, y fut un an durant mon professeur d'anglais.

Académie de Paris,  à propos du Lycée Rodin, texte

 

L'entrée provisoire était située à peu près au niveau du 39 et, dans un cadre encore arboré, une grande maison bourgeoise à une cinquantaine de mètres au fond d'une allée rectiligne accueillait l'administration et les salles des professeurs. Rue des Cordelières et alentour, on pouvait alors assez facilement imaginer le paysage avec la Bièvre car, à l'exception de cette maison en retrait de la rue, l'habitat avait sans doute peu changé à telle enseigne que le « palais du peuple » de l'armée du salut au 29 passait alors inaperçu (ce qui n'est aujourd'hui plus le cas ainsi qu'on le constate sur une photographie récente).

Armée du salut, Palais du peuple, texte et illustrations

 

La Bièvre coulait donc sur une partie au moins de la rue des Cordelières mais pas uniquement puisque des photographies nous la montrent sur nombre de rues alentour : la rue Croulebarbe, le passage Moret devenu rue Emile Deslandres, la ruelle des Gobelins devenue rue Berbier-du-Mets et jusqu'à la Manufacture des Gobelins donnant sur l'avenue éponyme, alors rue Mouffetard. Un maillage étonnant que le temps consacré à la préparation de cette chronique ne m'a pas permis de reconstituer la genèse.

 

Troisième étape de notre recherche : la Bièvre franchit le boulevard Arago et est donc enfouie sous les constructions haussmanniennes. On la retrouve proche du boulevard de Port Royal à l'arrière du cinéma Escurial dans un film des années 90. Comme souvent, derrière les façades haussmanniennes on découvre une autre époque et là, du moins lorsque ce film a été réalisé, rien ne semble avoir changé après l'enfouissement de la Bièvre. On y voit même un atelier de séchage des peaux avec ses clayettes en bois pour assurer l'aération du local.

La Bièvre : à la recherche de la rivière perdue, Jean-Baptiste Gallot et Alain Passerel, 1997, 26 minutes

 

Quatrième étape : la Bièvre poursuit son cours en direction de la rue Mouffetard. Certains affirment qu'elle atteint le début de la rue Censier derrière l'église Saint-Médard et qu'elle y alimente des moulins à eau. D'autres affirment qu'elle bifurque au niveau de la rue du fer à moulin. D'autres encore font cheminer la Bièvre entre les deux.

Tous ont probablement raison, peut-être pas à la même époque.

 

Une photographie atteste que la Bièvre atteint la halle aux cuirs rue de Santeuil avant de poursuivre en direction de la rue Geoffroy Saint Hilaire.

 

Cinquième étape : il est certain que la Bièvre traverse la rue Geoffroy Saint-Hilaire. L'endroit précis est néanmoins disputé. S'agit-il de la propriété des sœurs Rosalie où du chemin d'accès aux annexes du muséum d'histoire naturelle?

Pour les mêmes raisons que précédemment, les deux hypothèses peuvent être valides.

 

Sixième étape en complément au programme : celle qui conduit la Bièvre ... rue de Bièvre toujours dans le cinquième arrondissement mais à l'ouest, presque à l'aplomb de la cathédrale de Notre-Dame. Dérivation ou autre cours ?     "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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