Baby-boomer
Triporteur
1969 Pas folle, la guêpe !
" Ce titre et le choix de 1969 requièrent quelques explications.
Le triporteur dont il est ici question est l'Ape de Piaggio, entreprise italienne dont les ateliers ont été transférés en Inde. Ape est un mot italien qui signifie abeille et pas guêpe. On est donc fondé à penser que le titre aurait dû s'éloigner de la formule couramment utilisée pour «pas folle, l'abeille!». Ce serait ignorer que Piaggio est surtout connu (en France particulièrement) pour la production d'un autre objet en passe de devenir intemporel, la Vespa, équivalent de guêpe, et que les premiers modèles de l'Ape étaient constitués d'une Vespa portant derrière le conducteur un caisson supporté par deux roues.
Et, quand l'Ape adopta une cabine, Piaggio continua à commercialiser des Vespa triporteurs à partir de 1953.
Là est la justification du détournement de la formule «Pas folle, la guêpe!» appliquée à l'Ape. En effet, la solution consistant à déporter la charge derrière le conducteur évite toute restriction du chargement en hauteur, parfois jusqu'à l’excès comme cela se constate notamment en Chine et en Inde. On a ainsi pu voir la proposition d'un micro camping car doté d'une capucine coiffant le chauffeur …
Veicoli speciali, site Piaggio en français, texte et illustrations
A cela s'ajoute une esthétique bien plus séduisante que celle du Peugeot, que ce soit dans sa version initiale de Vespa portefaix ou lorsque l'Ape gagne une cabine fermée et bientôt chauffée, conservant dans un premier temps le garde-boue de la Vespa et troquant ensuite son phare unique contre deux phares, quasiment un petit monospace.
L'année choisie 1969 n'est pas justifiée par une évolution particulière de l'Ape : depuis son apparition en 1948 jusqu'à nos jours, il n'a cessé de se diversifier et d'évoluer. Elle est celle de la sortie du film Z et, pour moi, celle de l'image la plus forte du film, à savoir le surgissement d'un triporteur dans la benne duquel a pris place un nervi armé d'une matraque qui va tuer un homme politique opposant.
Ce n'est évidemment pas l'image la plus courante des Ape et de leurs concurrents en Italie et dans les autres pays du Sud: on a coutume de les voir comme partie du décor des rues, jouant les livreurs, les micro-taxis, les vendeurs de quatre-saisons...
En France, leur présence est restée plus discrète. Là encore, faute de données et d'études, on peut y voir plusieurs raisons:
- le niveau de vie plus élevé en France qui a permis de passer directement de la traction hippomobile à l'automobile,
- l'étroitesse et/ou l'encombrement des rues notamment en Italie du Sud et dans les îles qui favorise, voire contraint à l'utilisation de petits équipages,
- le climat méditerranéen qui autorise le transport de touristes et le négoce à tous vents.
Reste que la formule de Piaggio a conquis une partie du monde et que l'Ape, comme la Vespa, est un des rares objets de l'après guerre qui traverse les décennies (le vélosolex, champion en France de la durée de commercialisation, s'est éteint en 1988 à 42 ans). "
Histoire de l'APE depuis 1946, site Piaggio, texte et illustrations
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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