Taxi

1951 Voitures de place

Panneau "station de voitures de place"

" L'expression voiture de place, aujourd'hui tombée en désuétude, conservait dans les années d'après-guerre un sens équivalent à celui de taxi.

 

Une photographie datant de cette époque atteste de cette équivalence par un panneau de signalisation «station de voitures de place», ancêtre du panneau «taxis, tête de station».

 

La place dont il était question était la place publique sur laquelle ces véhicules avaient la possibilité de stationner à des endroits qui leur étaient réservés et le droit de marauder à la recherche de leurs clients.

 

Piétonne sur le point d'être renversée par une 203 taxi

Cette autorisation à se mouvoir sur le domaine public était ignorante des dangers que ces véhicules faisaient courir aux piétons. En effet, aux figures de proue acérées qui ornaient alors fréquemment les capots des voitures en leur milieu s'ajoutait le gros cube métallique du taximètre campé sur une aile avant et débordant gaillardement l'envergure de la carrosserie.

 

Il faudra quelques victimes pour que les figures de proue soient prohibées à la fin des années cinquante et pour que les taximètres soient mis à l'abri au début des années soixante.

 

A droite, 403-7 remplaçante de la 203 vers 1962 sans figure de proue et avec taximètre dans l'habitacle

Taxis stationnant au milieu de l'avenue des Champs Elysées

Au pied de mon immeuble, au milieu du boulevard Saint-Marcel, aisément identifiable par sa statue de Jeanne d'Arc, il y avait une «station de voitures de place» . Elle était curieusement placée dans l'axe du boulevard juste derrière les deux bornes protectrices du passage clouté (il n'y avait encore pas de feux rouges). Lorsque la circulation deviendra plus dense, la tête de stations des taxis gagnera sagement le bord du trottoir, limitant ainsi la mise en péril des clients.

 

En recherchant des photographies de ce type de configuration, j'ai eu la surprise de constater que les taxis continuaient encore à stationner au milieu du trafic dans les années soixante-dix avenue des Champs Elysées.

 

La majorité des taxis d'alors datent d'avant-guerre. Ce sont des véhicules assez volumineux assez proches des proportions des gros engins tous terrains d'aujourd'hui.

 

Ceux-là se caractérisent par une glace de séparation qui préserve l'intimité des voyageurs … et protège le chauffeur des fripons.

 

Cette configuration est analogue à celle des fiacres d'antan, des premières voitures de «maîtres» et des premiers taxis à la différence – appréciable - que le chauffeur est dispensé de grelotter et de se faire doucher.

 

L'espace réservé aux passagers peut accueillir jusqu'à cinq personnes, 3 sur la banquette et 2 sur les strapontins en vis-à-vis.

 

Taxi Frégate avec pneux flancs blancs et porte-bagages - au premier plan, une figure de proue
Taxi Frégate avec pneux flancs blancs et porte-bagages - au premier plan, une figure de proue

 

Les voitures particulières utilisées comme taxis se prêtent moins à l'installation de ces vitres de séparation et, surtout, leur volume est compté. Pour en attester, il suffit de comparer la largeur de la Frégate (1,72m), voiture familiale haut de gamme de Renault qui vient d'être commercialisée, avec celle d'une Renault Clio de 2018 (1,73m).

 

Taxi G7 en charge à la gare d'Austerlitz

Ceci constitue un inconvénient car les taxis sont souvent utilisés en complément des trains par des familles harnachées de bagages, notamment à l'occasion des deux semaines de congés payés. C'est d'ailleurs la seule circonstance qui me donne l'occasion d'emprunter un taxi avant que mes parents n'acquièrent une 4CV Renault … tôt surmontée d'un porte-bagages.

 

Les gares constituent un havre apprécié des chauffeurs de taxi qui peuvent, après dépose de leurs clients en retrouver d'autres à l'arrivée car il n'y a pas pléthore de voitures de place, sans doute du fait du contingentement des licences en vigueur depuis 1937.  "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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