Justice

2023 Provisoire durable

"    La reconstitution planifiée le 17 octobre 2022 et annulée sine die lorsque j'avais finalisé la chronique précédente (le 1 novembre) avait finalement eu lieu le 13 décembre.

Il s'en était fallu de peu que l'on ne dépasse les deux ans après la disparition, (ce qui ne facilitait ni la mémoire des personnes interrogées ni leur confrontation aux preuves factuelles comme on le verra plus tard)

 

Ce sont les journalistes de TF1 qui nous en diront plus le 16 janvier 2023 sur ce qui s'est passé durant la reconstitution de cette nuit du 15 au 16 décembre.

Ce qu'il s'est passé lors de la reconstitution, TF1, 16 1 2023, 4 minutes 20 (plus texte)

Delphine Jubillar tenant un des deux chiens

La voisine (éloignée de 130 mètres tout de même) chipote sur la durée des “cris de terreur” reconstitués et des “cris de douleur” des chiens.

Selon TF1: “Face à l'assemblée, la défense de Cédric Jubillar s'interroge: pourquoi ne pas avoir appelé les secours ?

La voisine dit alors avoir pensé à une bagarre de chiens, imaginé une femme tirant sur la laisse comme pour les maîtriser, et avoir, de peur des canidés, préféré rentrer chez elle...”. Ce qui la dédouane certes d’un risque d’inculpation pour non-assistance à personne en danger mais ne s’inscrit plus en soutien de la thèse d’un drame dans lequel le présumé aurait joué un rôle.

 

Les chiens ne portent aucune trace de cet hypothétique combat mais la presse n’indique pas quand ce constat a été fait (et si c’est à l’approche de la reconstitution intervenant deux ans après les faits …).

Salon - maison Jubillar
Le coin salon de la maison Jubillar
Delphine Jubillar portant ses lunettes

Les lunettes cassées de Delphine Jubillar demeurent une énigme et nécessitent des analyses complémentaires pour tenter d’identifier si elles résultent d’une agression, agression dont les avocats de la Défense excluent qu’elle soit le fait du présumé qui, lui, a fait l’objet de constats médicaux infirmant cette hypothèse peu de temps après sa mise en examen.

 

Ce qui, selon moi, serait susceptible d’accréditer l’hypothèse d’un enlèvement qui se passe mal (par un rôdeur ou par un complice du présumé ?).

 

Le scénario de la demande de remise en liberté sous bracelet électronique et assignation à résidence se déroule pour la septième fois début février avec la même issue que précédemment. La Défense a proposé un logement mis à disposition par un ami en Ariège, lequel logement est jugé “inadapté” par le Service Pénitentiaire d’Insertion (plus inadapté qu’une rétention au secret ?).

On apprend que le juge des libertés et de la détention a ordonné une deuxième visite de cet appartement ...qui se révélera sans effet puisque, à ce jour (31 mai 2023), le présumé reste incarcéré.

Septième demande de remise en liberté début février, CNews, 27 2 2023, texte

 

Pendant les deux mois qui suivent (mars et avril), les publications spécialisées dans les faits divers s’efforcent de maintenir l’intérêt de leurs clients  (reprise des interviews de la mère du présumé, de son codétenu, de l’amant de Delphine et d’autres proches …) mais c’est seulement en mai que des informations en provenance de sources plus fiables se multiplient.

 

Palais de justice d'Albi
Palais de justice d'Albi

Le 9 mai, France Bleu annonce que l’on s’approche de la fin de l’instruction d’un procès qui se tiendra à Albi et qui devrait durer au moins deux semaines mais pas avant 2024.

 

Selon ces hypothèses, le présumé pourrait donc rester trois ans sous les verrous et s’approcher de la durée maximale de quatre ans au terme de laquelle sa libération s’imposerait selon la loi en vigueur.

Affaire Jubillar : comment un très long procès se prépare à Albi, France Bleu, 9 5 2023, texte et illustration

 

Le voisin le plus proche
La maison de la famille Jubillar et celle du voisin le plus proche

Le même 9 mai, on apprend que le voisin le plus proche de la maison des Jubillar (une dizaine de mètres) remet en question le témoignage des voisines éloignées (à 130 mètres): “les chiens n’aboyaient jamais” - confirmant ainsi la déclaration du présumé lors de la reconstitution - et il n'a rien entendu du tout dans la nuit fatidique.

Affaire Jubillar: un voisin remet en question un élément donné par des témoins, RMC crime, 9 5 2023, texte

 

En outre, doutant de la vraisemblance des déclarations – variables- des voisines éloignées, un gendarme à la voix plus forte avait été choisi pour reproduire les cris le 24 janvier sans que personne n’entende rien (ou en tout cas ne réagisse) et, chose éminemment surprenante, le voisin le plus proche, lui, n’avait pas été entendu à l’occasion de la reconstitution (5 mois auparavant ...) pour infirmer ou conforter l’affirmation du présumé concernant ses chiens bien élevés.

Un nouveau témoignage vient de chambouler l’idée que l’on se faisait de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, Marie-France,, 10 5 2023, texte.

 

D’autres sons de cloches se font entendre sur la conduite de Delphine et de son amant : ils fréquentaient des sites de rencontres et auraient eu l’un et l’autre (mais sans l’autre...) des partenaires différents en 2020.

Delphine Jubillar "Plusieurs rencontres" en 2020, Gala, 11 5 2023, texte

 

Les 3 avocats de la Défense
Les 3 avocats de la Défense

L’amant, qui habite à Montauban et n’a jamais rencontré le présumé porte un jugement fort désobligeant sur le comportement de ce dernier mais doute qu’il aie pu “faire du mal à son épouse”.

"Un branleur, fainéant, drogué, opportuniste...", La Dépéche, 21 5 2023, texte et illustration

 

Cependant, les avocats de la Défense émettent des doutes sur sa volonté réelle de nouer une relation durable avec Delphine. Ils multiplient les actes à son égard et, s’inspirant de l’affaire Vigier (affaire de disparition sans corps), tentent, en vue d’un procès qui semble inéluctable, de détourner l’attention du mari vers l’amant avec l’espoir d’aboutir au même résultat, à savoir l’acquittement du mari.

L’amant de Delphine, carte maîtresse des avocats de Cédric : voici pourquoi, ActuToulouse, 9 5 2023, texte et illustration

 

 

Après deux ans et demi d'instruction - des moyens considérables - des fouilles réitérées et sophistiquées - des centaines de personnes interrogées - un dossier  de plus de 15000 pages  ... et, au 31 mai 2023,  713 jours d'inrcarcération d'un présumé.
Après deux ans et demi d'instruction - des moyens considérables - des fouilles réitérées et sophistiquées - des centaines de personnes interrogées - un dossier de plus de 15000 pages ... et, au 31 mai 2023, 713 jours d'inrcarcération d'un présumé.

Quasiment deux ans et demi après la disparition de Delphine Jubillar et presque autant d'instruction compte tenu de la célérité avec laquelle était intervenue l'ouverture d'une instruction criminelle, l'affaire Jubillar continue à nous distiller des surprises.

 

Voici en effet que, le 27 mai, à quelques jours de l’examen d’une huitième demande de remise en liberté, d'autres éléments  sont ajoutés au dossier : en dépit d’une maison aux dimensions modestes et ayant fait l’objet de fouilles à plusieurs reprises, ...

La petite maison (sans étage) au 19 rue Yves Montand (vue par Googleearth)
La petite maison (sans étage) au 19 rue Yves Montand (vue par Googleearth)

                                 ... des papiers écrits de la main de Delphine sont dévoilés (trouvés quand ? dévoilés par qui ?), papiers qui démontrent que celle-ci préparait activement sa séparation dans les jours qui avaient précédé sa disparition..

Griffonnés de sa main, ces petits papiers révèlent les pensées intimes de Delphine, Actu Toulouse, 27 5 2023, texte et illustrations

 

Les avocats de la Défense estiment que l’Instruction ne doit pas être close en l’absence de corps.

Une affaire sans corps ni aveux ... et un procès en 2024, La Dépêche, 21 5 2023, texte et illustrations

 

Mais, compte tenu des deux ans et demi d’instruction bientôt écoulés sans avoir épuisé le sujet, on est en droit de se demander si cela ne ferait pas qu’allonger plus encore la pénitence du présumé avant de passer à l’étape périlleuse des intimes convictions de jurés défavorablement influencés par une détention d’une durée anormalement longue.

N,B, le délai habituel entre identification du présumé et reconstitution pour une affaire de ce type ne dépasse généralement pas quelques mois, environ un an pour l’affaire Dominici il y a 70 ans, affaire qui ne fut pas un modèle sur le plan de l’investigation.      "

 

Epilogue sans surprise, provisoire et toujours durable, à une huitième demande de remise en liberté sous conditions déposée le 1 juin :

Mandat de dépôt provisoire + 6 mois, Le Parisien, 3 6 2023, texte et illustrations 

 

 

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Chronique initialement publiée le 1 décembre 2011

 actualisée et complétée le 1 novembre 2022

puis le 1 juin 2023

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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